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CHAPITRE II.

Sans avoir fait la demande nécessaire pour, etc.] Le texte dit, praṇidhânam aparigrĭhya, selon la version tibétaine, smon-lam yongs-su mi adzin-te, « n’ayant pas embrassé complétement la sollicitation, (la prière pour obtenir, etc.) » Le praṇidhâna ou encore praṇidhi est aussi familier aux Buddhistes du Sud qu’a ceux du Nord. Ainsi on le voit cité au commencement du Mahâvam̃sa dans la phrase bôdkâya paṇidhim akâ, qui signifie littéralement, « il adressa une prière pour devenir Buddha[1]. »

Je n’éprouve aucune intention, aucun désir de le posséder.] Il paraît que le traducteur tibétain a eu sous les yeux un texte où manquaient ces mots, car après avoir dit, « je suis « retranché du véhicule des Buddhas, » il ajoute, « qui parle ainsi : c’est là le complet affranchissement de mon corps, » dans le texte, ngahi lus hdi tham mya-ngan-las hdah-baho. Ces mots représentent l’expression spéciale du texte : mê samutchtchhrayasya paçtchimakam parinirvâṇam̃, « me voici arrivé au Nirvâṇa complet, dernier terme de mon existence. » J’ai traduit par existence le mot samutchichhraya, qui semble signifier élévation, ou peut-être accumulation ; le tibétain y voit simplement l’idée de corps. Il est à peu près certain que ce terme qui paraît propre au sanscrit buddhique[2], n’a pas d’autre signification chez les Buddhistes du Nord, car je trouve au chap. viii, f. 111 b de notre Lotus, les mots suvarṇavarṇâiḥ samutchichhrayâiḥ, « avec des corps de la couleur de l’or, » suivis dans les deux manuscrits de M. Hodgson du mot kâyâiḥ, qui est une véritable glose du terme précédent, car ce mot n’existe pas dans le manuscrit de la Société asiatique. C’est encore un de ces termes qui se retrouvent chez les Buddhistes du Sud où le pâli samussaya a, selon l’Abhidhâna, le double sens de multitude et de corps[3].

f. 28 a.St. 39. S’écria.] Ajoutez « avec joie, » pour rendre mudâ que j’avais omis. Il semble que la version tibétaine représente un texte où manquait la négation que donnent nos manuscrits du Saddharma puṇḍarîka. Voici la traduction du texte tibétain, si toutefois j’entends bien les quatre lignes dont il se compose : « Comme ils avaient fait les bonnes œuvres suffisantes pour entendre cette loi, le Chef du monde, après avoir reconnu l’absence d’imperfection de l’assemblée, s’écria. »
f. 28 b.St. 44. Des Adbhutas.] C’est-à-dire, des récits merveilleux, des histoires miraculeuses. Ce sont les Adbhuta dharma de la liste des écritures buddhiques données par M. Hodgson[4]. J’aurais probablement aussi bien fait de traduire ce terme, qui n’est pas, à proprement parler, un titre de livre ; mais puisque je le conservais, il fallait en faire autant pour celui de Gêya que j’ai traduit par « des vers faits pour être chantés[5]. »

St. 48. Cette loi formée de neuf parties.] Les neuf parties dont il est ici question, sont,

  1. Mahâwanso, t. I, p. 1, l. 5.
  2. Voy. ci-dessous, ch. iii, f. 40 a, st. 28 ; ch. iv, f. 66 b, st. 45.
  3. Abhidh. ppadîp. l. III, c. III, st. 322.
  4. Hodgson, Notices of the languages, lit. and relig. of the Bauddhas, dans Asiat. Res. t. XVI, p. 426 ; Introd. à l’hist. du Buddh. t. I, p. 63.
  5. Introd. à l’hist. du Buddh. t. I, p. 52.