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NOTES.

dhistes, car on la trouve également dans les livres pâlis ; ainsi je lis dans le Djina alam̃kâra : antimadêhadhârî bhavakkhayam pattô, « ayant son dernier corps, arrivé à la destruction de l’existence[1]. »

f. 21 b. St. 23. Tu parles de la pure essence de l’état de Bôdhi.] Il faut lire, « Tu célèbres là le trône de la Bôdhi, » comme plus haut, f. 19 b.

St. 25. Parvenus à la puissance et arrivés au Nirvâṇa.] Après les mots « parvenus à la puissance, » le texte ajoute anâçravâḥ ; tout le passage doit être rétabli comme il suit : « parvenus à la puissance, exempts de faute, et partis pour le Nirvâṇa. »

St. 27. Et le doute s’est emparé de leur esprit.] Maintenant que je ne pense plus que vyâkuruchva signifie toujours et sans distinction, « annonce les destinées futures, » je crois devoir traduire ainsi cette stance : « Réponds donc, ô grand solitaire, aux questions que s’adressent dans leur esprit tout ce qu’il y a ici de Çrâvakas du Sugata, etc. »

f. 23 a. St. 23 a. Cela sera pour eux un avantage, un profit, un bien, qui durera longtemps.] Le texte se sert ici d’une expression spéciale et qui revient chaque fois qu’il est question d’un avantage temporel : ṭêchân tad bhavichyati dîrgharâtram arthâya hitâya sukhâya. On en rencontre de fréquents exemples, tant dans le Saddharma puṇḍarîka que dans le Lalita vistara[2]. L’expression n’est pas moins familière aux Buddhistes du Sud, et on peut la voir dans le Mahâvamsa[3], et dans une des légendes en pâli publiées par Spiegel[4]. Je la remarque encore dans deux Suttas du Dîgha nikâya pâli des Singhalais, où elle est rédigée, sauf le dialecte, dans les mêmes termes que ceux du Lotus que je viens de citer : têsam̃ tam̃ bhavissati dîgharattam̃ hitâya sukhâya, littéralement, « à eux cela sera pour longtemps à profit, à bien[5]. » Les textes pâlis n’emploient, comme on voit ici, que deux termes ; ils omettent ordinairement le premier, arthâya. C’est aussi ce que je remarque dans la rédaction du Mâhâvastu qui est, selon moi, un livre ancien. Ainsi en parlant du Buddha Çâkyamuni, le texte de ce livre se sert de cette formule, sattvânâm̃hitasukham gavêchantô sam̃sarati, « cherchant « le profit, le bien des êtres, il transmigre dans le monde[6]. » J’ai signalé l’existence de cette formule dans les inscriptions religieuses de Piyadasi, ainsi qu’on peut le voir au no X de l’Appendice. Il faut encore remarquer l’expression dîrgharâtram, « pour une longue nuit, « employée avec le sens de « pour un long temps. » On la trouve également en pâli, soit sous la même forme, sauf le dialecte, dîgharattam̃, soit avec l’adjectif tchira, de cette manière au locatif, tchirarattâyam̃[7], « longtemps, » et en composition tchirarattapîlitô, « torturé pendant longtemps[8]. »

  1. Djina alam̃kâra, f. 11 a, fin.
  2. Lalita vistara, ch. vii, f. 63 a du man. A ; Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 110.
  3. Mahâwanso, t. I, p. 6, l. 11.
  4. Anecdota pâlica, p. 21.
  5. Ambaṭṭha sutta, dans Dîgha nik. f. 28 b ; Mahâparinibbâna sutta, ibid. f. 95 a.
  6. Mâhâvastu avadâna, f. 2 b de mon man.
  7. Abhidhân. ppadîp. l.III, ch. iv, st.1.
  8. Djina alam̃kâra, f. 19 b.