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NOTES.

Êkôva sô sattikarô pabham̃karô sam̃khâya ñêyyâni asêsitâni
tésam̃ hi madjdjhê paramâsabhim̃ vadam̃ sivañdjasam̃ dipayitum̃ samatthâti :

Tassatthô sô êkakôva asahâyabhûtô mahâpurisô sattikarô sabbasattânam̃ nibhânasâdhakô kilêsadâham̃ nibbâpakô râgaggi dôsaggi môhaggi djâtiaggi djarâaggi vyâdhiaggi maraṇaggi sôkaggi paridêvaggi dukkhaggi dômanassupâyâsaggîti imêhi êkâdasaggîhi santattânam̃ tam̃ aggim̃ dêsanâmatavassêna nibbâpêtâ[1].

« Cet homme, quoique seul, faisant le bien [du monde], répandant la lumière, après avoir embrassé, sans en rien omettre, toutes les choses à connaître, faisant entendre au milieu des êtres sa voix suprême et dominatrice, est capable d’enseigner la voie du bonheur et de la rectitude. Voici le sens de cette stance : Ce grand homme seul, c’est-à-dire sans compagnon, faisant le bien [du monde], c’est-à-dire accomplissant le Nibbâna pour toutes les créatures, c’est-à-dire leur faisant anéantir l’incendie des vices, fait avec la pluie de l’ambroisie de son enseignement, éteindre le feu, en faveur des êtres consumés par ces onze espèces de feux, savoir, le feu de la passion, celui du péché, celui de l’erreur, celui de la naissance, celui de la vieillesse, celui de la maladie, celui de la mort, celui de la peine, celui des lamentations, celui de la douleur, celui du chagrin et celui du désespoir. »

La production de l’enchaînement mutuel des causes de l’existence.] C’est là une paraphrase un peu verbeuse de l’expression concise du texte pratîtya samutpâda, que j’ai essayé d’expliquer dans une note spéciale de mon Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, en me servant du passage même qui nous occupe ; j’y renvoie le lecteur, ainsi qu’aux développements que j’ai donnés de la théorie elle-même dans une autre partie du même ouvrage[2], et dans l’Appendice, no VI du présent volume.

Les quatre vérités des Aryas.] J’avais ainsi traduit dans le principe le terme spécial âryasatyâni, entraîné par l’autorité de M. Abel-Rémusat ; mais depuis et chaque fois que s’est rencontrée cette expression dans l’Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, j’ai préféré, avec Deshauterayes, faire du mot ârya une épithète, comme saint, ou mieux encore sublime[3]. M. Foucaux, d’après les Tibétains, adopte également le même système d’interprétation, et il choisit le mot respectable[4]. Je prie donc le lecteur de corriger ainsi ce passage : « les quatre vérités sublimes. » L’exposition de cette théorie qui devrait trouver ici sa place, nécessitant quelques développements étendus, j’en ai fait l’objet d’une note spéciale à l’Appendice, sous le no V.

Parfaitement maîtres des six perfections.] Cette traduction est conforme au texte du manuscrit de Londres, qui lit chaṭpâramitâpratisam̃yuktânâm, épithète qui est en rapport avec Bôdhisattvânâm ; et cette leçon est confirmée par un des manuscrits, par le plus incor-

  1. Djina alam̃kâra, fol. 59 a, init.
  2. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 485 et suiv. p. 628 et 624.
  3. Introd. à l’hist. du Buddh. ind. t. I, p. 82 et 85, aux notes.
  4. Rgya tch’er rolpa, t. II, p. 392.