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NOTES.

réunis ici, nous avons vu tout cela ; ce monde avec les Dêvas est couvert de fleurs ; ce rayon unique a été lancé par le Djina. »

St. 51. Explique-leur l’avenir.] Le terme dont se sert le texte est vyâkarôhi, qui dans le style buddhique a le sens spécial de « annoncer à un autre ses destinées futures. » Ce sens me paraissait d’autant plus convenable que ce verbe est employé ici sans complément direct, tvam̃ vyâkarôhi ; mais en présence des deux manuscrits de M. Hodgson qui ont tam̃ vyâkarôhi, on est conduit à supposer que tam̃ est une forme conçue dans le système des pronoms pâlis, pour tat[1] et alors cette expression signifiera : « explique cela, ô fils du Sugata. »

f. 10 a.St. 56. Les Maruts.] Voyez ci-dessus, stance 29.

Fils de famille.] J’ai traduit ainsi littéralement le terme de kulaputra, pour ne pas en forcer la signification outre mesure. Ce titre, le plus simple de ceux qu’adresse soit Çâkya, soit tout autre sage, à la personne religieuse ou laïque à laquelle il parle, n’a certainement pas d’autre signification que celle de un tel, ou encore honnête homme. Le mot de famille n’emporte ici aucune idée de supériorité, et la dénomination est plutôt de l’ordre moral que de l’ordre civil. Mais comme le mot kula, quand il n’est pas déterminé, s’applique plus ordinairement dans la pratique aux familles de marchands et d’artisans, qu’à celles des Brâhmanes et des Kchattriyas, on s’explique comment les interprètes barmans qui recherchent le mérite d’une parfaite exactitude, traduisent régulièrement le pâli kulaputta par « fils de marchand. » Ils se servent à cet effet de l’expression saṭṭhè sâ sañ, « le fils du saṭṭhê ou du çrêchṭhin, » nom par lequel on désigne un marchand d’une manière honorifique[2]. Cette version, quoiqu’un peu trop précise, vaut encore mieux que celle dont font usage les Tibétains, d’après I. J. Schmidt, qui dans ses traductions emploie d’ordinaire l’expression de « fils ou fille de noble origine[3] ; » cette dernière version irait mieux pour le titre pâli ariyaputta, « fils du respectable. » Mais dans les ouvrages mêmes où il traduit ainsi, Schmidt attribue quelquefois assez peu de valeur aux mots kulaputra et kuladuhitrĭ, pour les omettre complètement et les remplacer par les pronoms il, celui qui. C’est ce que j’ai vérifié en comparant le texte du Vadjra tchtchhêdika sanscrit, dont je possède une copie d’après le manuscrit de M. Schilling de Canstadt, avec la traduction allemande qu’a exécutée Schmidt sur le Vadjra tchtchkêdika tibétain[4].

Dresser le grand étendard de la loi.] Le texte du manuscrit de la Société asiatique porte dhvadjamulchtchhrayanam, ce qui rappelle une règle propre au dialecte pâli, laquelle consiste à insérer un m entre deux mots dont l’un est terminé et dont l’autre commence par

  1. Clough, Pali grammar, p. 56.
  2. Suvaṇṇasâma djâtaka, man. pâli-barman, f. 3 b ;
  3. Vadjra tchtchhed. fol. 16 a : I. J. Schmidt, Ueber das Mahâyâna, dans Mém. de l’Acad. de Saint-Pétersbourg, t. IV, p. 190.
  4. Vadjra tchtchhêd. fol. 4 b ; I. J. Schmidt, Mém. de l’Acad. de Saint-Pétersbourg, t. IV, p. 186.