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CHAPITRE PREMIER.

divers personnages sont, positivement énumérés ci-dessous, f. 5 b, et c’est également la définition que les Buddhistes du Sud donnent des quatre Assemblées, d’après l’Abhidhâna ppadîpikâ[1]. Cette constitution des Assemblées religieuses est certainement fort ancienne, car elle est déjà mentionnée dans la missive du roi Piyadasi que j’examinerai ailleurs. Le monarque buddhiste invite les Bhikkhus et les Bhihkhuṇis, ainsi que les Upâsakas et les Upâsikâs, à écouter et à conserver les expositions de la loi ; le nom des Bhikkhus (Bhikchus) est ou altéré dans l’inscription, ou mal rendu dans le fac-simile ; mais il n’y a aucun doute possible sur les premiers mots de la huitième ligne 𑀳𑁂𑀯𑀁𑀳𑁂𑀯𑀁 𑀉𑀧𑀸𑀲𑀓𑀸𑀘𑀸 𑀉𑀧𑀸𑀲𑀺𑀓𑀸𑀘𑀸 hêvam̃hêva upâsakâtchâ upâsikâtchâ, « de même aussi les fidèles et les femmes fidèles[2].

f. 4 bÉbranlée de six manières différentes.] Rien n’est plus commun dans les grands Sûtras du Nord que ces descriptions de tremblements de terre fabuleux ; on en peut voir des exemples dans le Lalita vistara[3]. Du reste, les mots qui expriment les six manières dont la terre est ébranlée, ne sont pas faciles à traduire avec toute la précision désirable. Ce sont trois verbes exprimant le mouvement et l’agitation à des degrés divers, qui sont différenciés par l’addition d’un ou de deux préfixes dont la nuance propre n’est pas bien définie. Ainsi tchalita exprime le tremblement d’un corps qui va tomber, et, avec l’addition des suffixes sam-pra, il peut signifier que ce tremblement agite d’une manière complète la totalité du corps et le pousse en avant. Le mot vêdhita peut avoir, en tant qu’il vient de vyadh, la signification de frappé, et exprimer le mouvement d’un corps qui est ébranlé et qui se meut sous les coups qu’il reçoit ; l’addition des suffixes sam-pra ajoute sans doute à cette idée, celle d’intensité et d’universalité. Enfin kchubhita exprime l’agitation d’un corps qui monte et descend, le bondissement, par exemple le mouvement des eaux de la mer, et les suffixes sam-pra ajoutent sans doute encore ici l’idée d’intensité que j’ai indiquée tout à l’heure. Après ces explications, on doit voir que je ne donne ma traduction que comme une interprétation approximative. On trouvera dans le Foe koue ki une note détaillée de Klaproth sur les huit causes des tremblements de terre, selon les Buddhistes[4]. J’ai déjà remarqué que les détails renfermés dans la note de Klaproth ont une grande analogie avec une description analogue empruntée à un Sûtra du Nord[5].

Maṇḍalins. Balatchakravartins.] Si ces dénominations ne sont pas tout à fait mythologiques, un commentaire qui en marquerait exactement la différence, nous donnerait probablement quelques notions sur les divisions politiques de l’Inde à l’époque où elles avaient cours ; malheureusement nous ne possédons encore rien de semblable, et nous sommes réduits à rassembler çà et là les notions éparses dans les textes sur ces noms qui réveillent chez les Buddhistes des idées qui leur sont familières et qu’ils n’ont pas besoin de définir. Quant à présent, on peut dire que les trois titres Maṇḍalins, Balatchakravartins, et Tchaturdvîpa tchakravartins, expriment une domination de plus en plus éten-

  1. Abhidh. ppadîp. l.II, cap. v, st. 8.
  2. J. S. Burt, Inscription found near Bhabra, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. IX, p. 618.
  3. Rgya tch’er rol pa, t. II, p. 69, 337 et 338.
  4. Foe koue ki, p. 217 et suiv.
  5. Introd. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 81.