Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
NOTES.

suit immédiatement les trois titres de buffle, lion, éléphant, qu’on va voir, par la note suivante, attribués à Çâkyamuni. C’est le Djina alam̃kâra qui nous donne cette série de titres, où chaque terme exprime au moyen d’animaux connus par leur vigueur, l’éminence et la supériorité du Buddha[1]. Il en résulte que purisâdjañña signifie, « qui est parmi les hommes comme le meilleur cheval parmi les chevaux. » Enfin je trouve ce mot sous sa forme pâlie cité incidemment et orthographié d’une manière inexacte adjanna, dans la traduction d’un texte de Buddhaghôsa par Turnour[2]. Il faut corriger ce mot d’après le Djina alam̃kâra et le Dîgha nikâya, qui donne aussi purisâdjañña comme épithète du Buddha[3].

Semblables à de grands éléphants.] Le mot dont se sert ici le texte est nâga ; et l’on pourrait être en doute sur la signification spéciale qu’il faut lui assigner ici. Il ne peut être question dans ce passage des Nâgas, ces demi-dieux serpents qui habitent les régions situées sous la terre. En effet, ces êtres sont considérés par les Buddhistes, ainsi que par les Brâhmanes, comme des créatures imparfaites et nuisibles. Ce n’est pas à des êtres de cette sorte qu’on aurait comparé des Religieux aussi accomplis que ceux dont parle notre texte. Le mot nâga doit être pris ici dans le même sens que les mots rĭchabha, « buffle, » sim̃ha, « lion, » et que quelques noms d’animaux admis comme symboles de la force et de la supériorité physiques. Dans cette supposition, il faudra le traduire par éléphant. C’est de cette manière que l’entend la version tibétaine qui remplace mahânâga par glang-po tchhen-po, « grand éléphant. » L’ouvrage pâli consacré à l’énumération des perfections du Buddha, qui a pour titre Djina alam̃kâra, admet parmi ses qualités les trois suivantes : purisâsabhô, purisasîhô, parisanâgô, « le buffle, le lion, l’éléphant parmi les hommes[4]. » Les formes sanscrites correspondantes à ces termes sont purucharchabha, puruchasim̃ha et purachanâga. La réunion des trois mots par lesquels est déterminé puracha, partie constante de ce composé, ne laisse aucun doute sur le véritable sens de nâga. Comme les Buddhistes du Sud, ceux du Nord donnent également au Buddha le titre de Mahânâga[5].

Accompli ce qu’ils avaient à faire, déposé leur fardeau.] Ces expressions sont, à ce qu’il paraît, consacrées pour désigner les Religieux arrivés au plus haut degré de perfection de leur état, car je les trouve dans un fragment d’un Sutta que Turnour a traduit du pâli : « ayant achevé ce qui devait être achevé, ayant mis de côté [le fardeau du péché][6]. » Ces derniers mots déterminent ce qu’il faut entendre par « déposé leur fardeau. » Le Lalita vistara les attribue à un Buddha, comme les épithètes des notes précédentes et dans le même passage.

Ayant supprimé complètement les liens qui les attachaient à l’existence.] C’est là le sens que, dans le principe, je donnais au composé parikchîṇa bhava sam̃yôdjana. Depuis j’avais

  1. Djina alam̃kâra, f. 4 a, l. 7.
  2. Examin. of pâli Buddh. annals, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 793.
  3. Aṭânâṭiya sutta, dans Dîgh. nik. f. 175 a, l. 8.
  4. Djina alam̃kâra, f. 4 a.
  5. Lalita Vistara, f. 221 a de mon man. A.
  6. Examin. of pâli Buddh. Annals, dans Journ. asiat. Soc. of Bengal, t. VII, p. 698.