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CHAPITRE PREMIER.

À Râdjagrĭha.] Voyez, touchant cette ville célèbre dans l’histoire du Buddhisme, l’introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, p. 100, et les autorités auxquelles j’ai renvoyé en cet endroit.

La montagne de Grĭdhrakâta.] C’est la célèbre montagne du Pic du Vautour, située non loin de Râdjagrĭha, et où a longtemps séjourné Çâkyamuni. Une trace de cet ancien nom se retrouve dans la dénomination moderne de Giddore. Voyez sur ce point important la relation du voyage de Fa hian avec les éclaircissements qui l’accompagnent[1], et une note spéciale de l’Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, p. 629, note 5.

Une grande troupe de Religieux.] J’aurais dû, pour plus d’exactitude, traduire : « avec une grande Assemblée de Religieux. » Le texte se sert en effet ici du mot composé bhikchu samgha qui est un terme propre au style buddhique, désignant d’une manière collective l’Assemblée, c’est-à-dire la réunion des Auditeurs du Buddha. Je me suis expliqué ailleurs en détail sur la signification propre et sur l’application de ce terme[2] ; je renvoie le lecteur pour ce que j’ai cru nécessaire d’en dire de plus, au no I de l’Appendice qui suit ces notes.

Douze cents Religieux.] La version tibétaine porte : « deux mille myriades de Religieux ; » c’est une exagération qui ne se trouve pas dans le texte original.

Tous Arhats.] Le mot Arhat, qui signifie vénérable ou digne personnage, désigne l’homme parvenu au degré le plus élevé parmi les Religieux ou bhikchus. J’ai dit ailleurs que les Buddhistes de toutes les écoles, ceux du Nord, comme ceux du Sud, interprétaient ce mot comme s’il était écrit ari-hat, meurtrier de l’ennemi[3]. » Clough, dans son Dictionnaire singhalais, donne les deux interprétations, celle que fournit la grammaire sanscrite et celle qu’ont adoptée les Buddhistes ; il tire en effet arhat de arh, « mériter, » ou de ari, « l’ennemi, » c’est-à-dire les passions, et hat, « celui qui détruit. » « Arhat, dit-il, est celui qui a complètement détruit le klêça ou la passion, et qui conséquemment est préparé pour le Nirvâṇa. C’est la première des neuf qualités éminentes d’un Buddha, dites navaguna[4]. » Cette interprétation systématique du mot arhat, qui a son origine dans les sources indiennes, est passée de là dans les traductions qu’en ont faites les peuples chez lesquels s’est introduit le Buddhisme. Ainsi les Tibétains traduisent uniformément le titre de arhat par dgra-btchom-pa, « le vainqueur de l’ennemi. » Les Mongols, soit à leur exemple, soit directement d’après les textes sanscrits, ce qui est moins vraisemblable, ont adopté la même interprétation[5]. Les Chinois la connaissent également ; et Abel Rémusat, dans sa traduction inédite du Vocabulaire pentaglotte buddhique, rend par hostiam debellator la version chinoise du sanscrit arhat.

  1. Foe houe ki, p. 269 et 270.
  2. Intr. à l’hist. du Buddh. indien, t. I, p. 382 et suiv.
  3. ibid. t. I, p. 295.
  4. Singhal. Diction. t. II, p. 810.
  5. I. J. Schmidt, Geschichte der Ost-Mongolen, p. 314, note 52.