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NOTES.

CHAPITRE PREMIER.

f. 1Après l’invocation à tous les Buddhas et Bôdhisattvas, on lit une stance qui n’appartient certainement pas au Saddharma puṇḍarîka même, et qu’on doit mettre sur le compte de quelque ancien copiste. Cependant, comme elle se trouve dans les quatre manuscrits que j’ai eus entre les mains, je n’ai pas cru devoir l’omettre. Je la donne ici telle que la comparaison des manuscrits me permet de la corriger ; les lecteurs qui auront la curiosité de recourir au manuscrit de la Société asiatique, base première de ma traduction, reconnaîtront sans peine les fautes de ce manuscrit.

वैपुल्यसूत्रराजं परमार्थनयावतारनिर्द्रेशं ।  सडर्मपुण्ड​रीकं सत्त्वाहय महापथं वक्ष्ये ॥

Ce distique peut se traduire ainsi : « J’exposerai le Saddharma puṇḍarîka (le lotus blanc de la bonne loi), ce roi des Sûtras Vâipalyas, qui est l’enseignement, la communication et la règle de la vérité suprême, et la grande voie de la réalité. » Il nous apprend à quelle catégorie des écritures buddhiques appartient cet ouvrage ; c’est à celle que l’on nomme les Sûtras Vâipalyas, ou Sûtras de développement. J’ai amplement expliqué ailleurs ce qu’il fallait entendre par ce terme de Sûtra développé[1]. La définition que la stance précitée donne de notre Sûtra est surabondamment justifiée par la forme même sous laquelle il nous est parvenu, forme qui est celle des Sûtras les plus étendus, c’est-à-dire de ceux qui sont composés de deux rédactions, l’une en prose et l’autre en vers. Quant au titre même du livre, que j’ai traduit par le Lotus de la bonne loi, on pourrait encore le reproduire de cette manière : le Lotus blanc de la loi des gens de bien. En effet, puṇḍarika signifie, d’après l’Amarakocha, lotus blanc[2], et saddârmah se traduirait très-exactement par satâm dharmah, « la loi des hommes vertueux. » La version que j’ai adoptée me paraît cependant préférable en ce qu’elle est plus simple. Elle s’accorde d’ailleurs avec celle que mon savant confrère M. Stan. Julien propose pour le titre de la version chinoise du Saddharma puṇḍarîka, dans la grande liste d’ouvrages buddhiques chinois qu’il vient d’insérer au Journal asiatique[3]. Le titre de Saddharma donné à la loi de Çâkyamuni est certainement ancien dans le Buddhisme ; et l’on verra dans un des paragraphes du no X de l’Appendice, qui est relatif à la valeur du mot anyatra, que le terme de saddharma se trouve déjà dans les anciennes inscriptions buddhiques de Piyadasi.

Voici ce que j’ai entendu.] Cette formule caractérise avec précision les ouvrages de la

  1. Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, t. I, p. 62 et 63
  2. Amarakocha, l. I, c. ii, sect. 3, p. 65, éd. Lois,
  3. Journal asiatique, IVe série, t. XIV, p. 357.