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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

3. Supposons qu’il existe un homme qui comble sans cesse de ses dons des myriades de kôṭis de créatures, de ces créatures dont j’ai précédemment indiqué le nombre sous forme d’exemple, et qu’il les comble de joie pendant le cours de quatre-vingts ans.

4. Que cet homme voyant que la vieillesse est venue pour ces êtres, qu’ils sont couverts de rides, que leur tête est blanchie, vienne à s’écrier : Hélas ! tous ces êtres sont livrés à la corruption [du mal]. Ah ! puissé-je les instruire au moyen de la loi !

5. Que cet homme alors leur expose la loi et qu’il leur explique ce que c’est que le terrain du Nirvâṇa ; [qu’il leur dise :] Toutes les existences sont semblables à un mirage(188 a) ; sachez promptement vous détacher de toutes les existences.

6. Et que tous ces êtres, ayant entendu la loi de la bouche de cet homme généreux, deviennent en ce moment même des Arhats affranchis de toute faute et parvenus à leur dernière existence.

7. Eh bien, il recueillera beaucoup plus de mérites que cet homme, celui qui entendra une seule stance de la loi qui lui aura été transmise, et qui en témoignera de la satisfaction. La masse des mérites de celui dont j’ai parlé le premier n’est pas même une partie des mérites du second.

8. Voilà quels seront les mérites, mérites infinis et sans mesure, de celui qui aura entendu ne fût-ce qu’une stance de cette loi qu’on lui aura transmise ; que dirai-je de celui qui l’entendrait de ma bouche !

9. Et si quelqu’un excite en ce monde ne fût-ce qu’un seul être, en lui disant : Viens et écoute la loi, f. 188 b.car ce Sûtra est bien difficile à comprendre, dût-on y consacrer plusieurs myriades de kôṭis de Kalpas ;

10. Et si l’être ainsi excité vient à entendre ce Sûtra, ne fût-ce qu’un seul instant, écoute quelle est la récompense de cette action : Jamais il n’a aucune maladie de la bouche.

11. Jamais sa langue n’est malade ; jamais ses dents ne tombent, elles ne sont jamais ni noires, ni jaunes, ni inégales ; jamais ses lèvres n’offrent un aspect repoussant.

12. Sa face n’est ni de travers, ni blafarde, ni trop longue ; son nez n’est pas aplati ; au contraire, son nez, son front, ses dents, ses lèvres et le contour de son visage sont parfaitement formés.

13. Son aspect est toujours agréable pour les hommes qui le voient ; jamais sa bouche n’exhale de mauvaise odeur ; un parfum semblable à celui du lotus bleu s’en échappe sans cesse.

14. Qu’un homme plein de fermeté sorte de sa maison pour aller dans un Vihâra