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CHAPITRE XV.

1. Ils sont inconcevables, ils sont à jamais incommensurables, les milliers de kôṭis de Kalpas qui se sont écoulés depuis que j’ai atteint à l’état suprême de Bôdhi et que je ne cesse d’enseigner la loi.

2. Je convertis de nombreux Bôdhisattvas et je les établis dans la science de Buddha ; depuis de nombreux kôṭis de Kalpas, f. 174 a.je mûris complètement des myriades infinies de créatures.

3. Je désigne le terrain du Nirvâṇa et j’expose mes moyens à l’effet de discipliner les créatures ; et cependant je n’entre pas dans le Nirvâṇa au moment où j’en parle, ici même j’explique les lois.

4. Alors je me bénis moi-même, et je bénis aussi tous les êtres ; mais les hommes ignorants dont l’intelligence est faussée, ne me voient pas, même pendant que je suis en ce monde.

5. Croyant que mon corps est entré dans le Nirvâṇa complet, ils rendent des hommages variés à mes reliques, et ne me voyant pas, ils ont soif de me voir ; par ce moyen leur intelligence devient droite.

6. Quand les êtres sont droits, doux, bienveillants, et qu’ils méprisent leurs corps, alors réunissant une assemblée de Çrâvakas, je me fais voir sur le sommet du Grĭdhrakûṭa.

7. Et je leur parle ensuite de cette manière : Je ne suis pas entré ici, ni en tel temps, dans le Nirvâṇa complet ; j’ai fait seulement usage, ô Religieux, de mon habileté dans l’emploi des moyens, et je reparais à plusieurs reprises dans le monde des vivants.

8. Honoré par d’autres créatures, je leur enseigne l’état suprême de Bôdhi qui m’appartient ; et vous, vous n’écoutez pas ma voix, à moins d’apprendre que le Chef du monde est entré dans le Nirvâṇa complet.

9. Je vois les êtres complètement détruits, et cependant je ne leur montre pas ma propre forme ; mais s’il arrive qu’ils aspirent à me voir, j’expose la bonne loi à ces êtres qui en sont altérés.

f. 174 b.10. Ma bénédiction a toujours été telle que je viens de la dire, depuis un nombre inconcevable de milliers de kôṭis de Kalpas, et je ne sors pas d’ici, du sommet du Grĭdhrakûṭa, pour aller m’asseoir sur des myriades d’autres sièges et d’autres lits.

11. Lors même que les êtres voient et se figurent que cet univers est embrasé, alors même la terre de Buddha qui m’appartient est remplie d’hommes et de Maruts.

12. Ces êtres s’y livrent à des jeux et à des plaisirs variés ; ils y possèdent des kôṭis de jardins, de palais et de chars divins ; cette terre est ornée de montagnes faites de diamant, et pleine d’arbres couverts de fleurs et de fruits.