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En présentant sa traduction nouvelle au public, le savant hollandais écrit avec sa loyauté coutumière : « Je dois déclarer tout d’abord que je ne puis parler en termes trop chaleureux du service que m’a rendu la traduction française due à l’illustre Burnouf. J’ai pris constamment son travail pour modèle, sans avoir réussi à en atteindre l’excellence. Les divergences matérielles entre les deux traductions sont dues, en partie, au fait que j’ai suivi d’autres manuscrits, en partie, à une différence d’interprétation, spécialement dans les gàthàs [stances en dialecte mal établi] souvent corrompues et difficiles ».

Quant aux mémoires qui suivent la traduction et qui en élucident les termes obscurs, ils ne subsistent pas seulement comme des sources toujours précieuses d’information ; ils demeurent des modèles achevés de discussion scientifique. Ils n’aident pas seulement à comprendre le texte ; ils aident à pénétrer dans les démarches délicates d’une pensée qui se consacre tout entière à la recherche de la vérité. Si la philologie a comme les arts et les sciences une forme de génie qui lui soit propre, c’est chez Burnouf qu’il convient de la reconnaître et de l’étudier. Il apparaît que, dans cet ordre de travaux qui a pour objet les activités humaines dans leur application la plus intime à l’être humain, la valeur morale est inséparable de la valeur d’intelligence ; une honnêteté qui ne se laisse troubler par aucune séduction impose au jugement une rectitude impeccable ; les données de fait, reconnues avec une scrupuleuse exactitude, dégagent leurs conséquences dans la limite précise de leur portée, en deçà des prolongements ambitieux qui caressent l’imagination au détriment de la raison. Devant l’œuvre de Burnouf, on est tenté de répéter en manière d’oraison les mots que, en mars 1849, un élève digne du maître, Ernest Renan écrivait en lui dédiant l’Avenir de la Science : « Dans mes défaillances intérieures,