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LE LOTUS DE LA BONNE LOI.

14. Aujourd’hui, ô toi qui connais le monde, tu as atteint ici ce lieu fortuné, excellent et exempt d’imperfection ; nous et les mondes, nous sommes devenus les objets de ta faveur ; aussi cherchons-nous, ô chef, un asile auprès de toi.

Ensuite, ô Religieux, ces seize fils de roi ayant célébré dans ces stances prononcées devant lui, le bienheureux Tathâgata Mahâbhidjñâdjñânâbhibhû, lui adressèrent la prière suivante, pour qu’il fît tourner la roue de la loi(89 a) : Que Bhagavat, que Sugata enseigne la loi pour l’utilité et le bonheur de beaucoup d’êtres, par compassion pour le monde, pour l’avantage, l’utilité et pour le bonheur du grand corps f. 89 b.des êtres, Dêvas et hommes. Ensuite ils prononcèrent les stances suivantes :

15. Enseigne la loi, ô toi qui es le Meilleur des hommes ; enseigne la loi, toi qui portes les signes des cent vertus ; ô Guide [du monde], ô grand Rĭchi qui n’as pas ton égal, tu as acquis la science rare et éminente.

16. Expose-la au monde réuni aux Dêvas, et sauve-nous ainsi que ces créatures ; enseigne-nous la science des Tathâgatas, pour que nous obtenions l’excellent état de Bôdhi, ainsi que tous ces êtres.

17. Car tu connais toute science et toute conduite ; tu connais les pensées et les bonnes œuvres accomplies autrefois ; tu connais les inclinations de toutes les créatures. Fais donc tourner la suprême et excellente roue.

Or, en ce temps-là, ô Religieux, au moment où le bienheureux Tathâgata Mahâbhidjñâdjñânâbhibhû, vénérable, etc., parvenait à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli, dans les dix points de l’espace et dans chacun des dix points de l’espace, cinquante centaines de mille de myriades de kôṭis d’univers furent ébranlés de six manières différentes, et furent éclairés d’une grande lumière. Et dans les intervalles qui séparent tous ces univers(89 b) les uns des autres, au sein de cette nuit profonde et de ces ténèbres épaisses qui sont dans une perpétuelle agitation, et où ces deux flambeaux de la lune et du soleil, si puissants, f. 90 a.si énergiques, si resplendissants, ne peuvent parvenir à répandre la lumière par leur propre lumière, la couleur par leur propre couleur, et l’éclat par leur propre éclat, au sein de ces ténèbres elles-mêmes, apparut en ce moment la splendeur d’une grande lumière. Les êtres eux-mêmes qui étaient nés dans les intervalles de ces univers, se virent les uns les autres, se reconnurent les uns les autres, [se disant entre eux :] Oh ! voici d’autres êtres nés ici ! voici d’autres êtres nés ici !