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CHAPITRE VII.

connurent qu’il était parvenu à cet état, ces seize fils de roi qui possédaient chacun divers jouets agréables, variés et beaux à voir, les ayant tous abandonnés, parce qu’ils avaient appris que le Bienheureux était parvenu à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli ; f. 88 b.ces seize fils, dis-je, environnés et suivis de leurs mères et de leurs nourrices qui pleuraient, ainsi que du grand monarque Tchakravartin, roi vénérable, maître d’un grand trésor, des conseillers royaux et de plusieurs centaines de milliers de myriades de kôṭis d’êtres vivants, se rendirent au lieu où se trouvait le bienheureux Tathâgata Mahâbhi­djñâdjñânâbhibhû, vénérable, etc., qui était entré dans l’intime et suprême essence de l’état de Bôdhi, afin de vénérer, d’adorer, d’honorer ce Bienheureux. Quand ils s’y furent rendus, ayant salué, en les touchant de la tête, les pieds du Bienheureux, ayant tourné trois fois autour de lui, en commençant par la droite, les mains réunies en signe de respect, ils célébrèrent le Bienheureux dans des stances régulières qu’ils prononcèrent en sa présence.

8. Tu possèdes les grandes connaissances surnaturelles, tu es sans supérieur et tu as été perfectionné pendant des Kalpas sans fin ; tes excellentes réflexions à l’effet de sauver tous les êtres vivants, sont arrivées à leur perfection.

9. Ils ont été bien difficiles à traverser ces dix moyens Kalpas que tu as passés, assis sur le même siége ; pendant cet intervalle de temps, tu n’as remué ni ton corps, ni tes pieds, ni tes mains, et tu ne t’es pas transporté dans un autre lieu.

10. Ton intelligence arrivée au comble de la quiétude est parfaitement calme ; elle est immobile et à jamais à l’abri de toute agitation ; l’inattention t’est inconnue ; exempt de toute faute, tu restes dans une quiétude inaltérable.f. 89 a.

11. Et voyant que tu es heureusement et en sûreté arrivé, sans éprouver aucun mal, à l’état suprême de Bôdhi, [nous nous disons :] Puissions-nous obtenir un pareil bonheur ! et t’ayant vu, ô lion parmi les rois, nous croissons [en vertu].

12. Toutes ces créatures, qui n’ont pas de protecteur, qui sont malheureuses, semblables à des hommes auxquels on a arraché les yeux, privées de félicité, ne connaissent pas la voie qui conduit au terme du malheur, et elles ne développent pas leur énergie pour l’affranchissement.

13. Elles prolongent pour longtemps leur séjour dans les lieux de châtiments ; leurs lois sont d’être privées de la possession de corps divins ; elles n’entendent jamais la voix des Djinas(89 a) ; enfin, ce monde tout entier est plongé dans les ténèbres de l’aveuglement.