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conceptions, jusqu’à ce qu’enfin a lieu la production de ce qui n’est qu’une grande masse de misères. C’est de cette manière que les êtres aveuglés par l’ignorance sont renfermés dans la révolution du monde.

Mais le Tathâgata, qui est placé en dehors de la réunion des trois mondes, éprouvant pour eux de la compassion, ému de pitié comme un père l’est pour son fils unique qui lui est cher, après être descendu dans la réunion des trois mondes, contemple les êtres roulants dans le cercle de la transmigration ; et les êtres ne connaissent pas le moyen véritable de sortir du monde. Alors Bhagavat les voit avec l’œil de la Sagesse, et les ayant vus, il les connaît. Ces êtres, [dit-il,] après avoir accompli antérieurement le principe de la vertu, ont des haines faibles et des attachements vifs, ou des attachements faibles et des haines et des erreurs vives. Quelques-uns ont peu d’intelligence, d’autres sont sages ; ceux-ci sont parvenus à la maturité et sont purs, ceux-là suivent de fausses doctrines. À ces êtres, Bhagavat, grâce à l’habile emploi des moyens dont il dispose, enseigne, trois véhicules. Alors les Bôdhisattvas, semblables à ces Richis, qui étaient doués des cinq connaissances surnaturelles et d’une vue parfaitement claire, les Bôdhisattvas, dis-je, ayant conçu la pensée de l’état de Bôdhi, ayant acquis une patience miraculeuse dans la loi, sont élevés à l’état suprême de Buddha parfaitement accompli.

Dans cette comparaison, le Tathâgata doit être regardé comme le grand médecin ; tous les êtres doivent être regardés comme aveuglés par l’erreur, ainsi que l’aveugle de naissance. L’affection, la haine, l’erreur, et les soixante-deux fausses doctrines, ce sont le vent, la bile et le phlegme. Les quatre plantes médicinales sont [les quatre vérités suivantes] : l’état de vide, l’absence d’une cause, l’absence d’un objet, et l’entrée du Nirvâna. De même que, selon les diverses substances qu’on emploie, on guérit diverses maladies, ainsi les êtres se représentant l’état de vide, l’absence d’une cause, l’absence d’un objet, et l’entrée de l’affranchissement, arrêtent [l’action de] l’ignorance ; de l’anéantissement de l’ignorance vient celui des conceptions, jusqu’à ce qu’enfin ait lieu l’anéantissement de ce qui n’est qu’une grande masse de maux. De cette manière, la pensée de l’homme n’est ni dans la vertu ni dans le péché.

L’homme qui fait usage du véhicule des Çrâvakas, ou des Pratyêkabuddhas, doit être regardé comme l’aveugle qui recouvre la vue. Il brise