Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par l’état morbide de ces trois principes réunis. Que ce médecin réfléchisse ensuite à plusieurs reprises au moyen de guérir cette maladie, et que cette réflexion lui vienne à l’esprit : Les substances qui sont en usage ici ne sont pas capables de détruire ce mal ; mais il existe dans l’Himavat, le roi des montagnes, quatre plantes médicinales ; et quelles sont-elles ? La première se nomme celle qui possède toutes les saveurs et toutes les couleurs ; la seconde, celle qui délivre de toutes les maladies ; la troisième, celle qui neutralise tous les poisons ; la quatrième, celle qui procure le bien-être dans quelque situation que ce soit. Ce sont là les quatre plantes médicinales. Qu’ensuite le médecin, se sentant touché de compassion pour l’aveugle de naissance, pense au moyen de se rendre dans l’Himavat, le roi des montagnes ; que, s’y étant rendu, il monte au sommet ; qu’il descende dans les vallées, qu’il traverse la montagne en cherchant, et qu’après avoir cherché, il découvre ces quatre plantes médicinales, et que les ayant découvertes, il les donne [à l’aveugle pour qu’il les prenne], l’une après l’avoir mâchée avec les dents, l’autre après l’avoir pilée, celle-ci après l’avoir fait cuire en la mêlant avec d’autres substances, celle-là en la mêlant avec d’autres substances crues ; une autre en se l’introduisant dans une partie donnée du corps au moyen d’une aiguille, une autre après l’avoir consumée dans le feu, une dernière, enfin, en l’employant après l’avoir mêlée avec d’autres substances comme aliment ou comme boisson.

Qu’ensuite l’aveugle de naissance, par suite de l’emploi de ces moyens, recouvre la vue, et que l’ayant recouvrée, il voie en dehors de lui, au dedans de lui, de loin, de près ; qu’il voie les rayons du soleil et de la lune, les constellations, les étoiles, toutes les formes, et qu’il parle ainsi : Certes j’étais un insensé, moi qui jadis ne croyais pas à ceux qui voyaient, et qui ne m’en rapportais pas à eux. Maintenant je vois tout ; je suis délivré de mon aveuglement ; j’ai recouvré la vue, et il n’est en ce monde personne qui l’emporte en rien sur moi.

Or, qu’en ce moment se présentent des Richis doués des cinq connaissances surnaturelles ; que ces sages, habiles à disposer de la vue divine, de l’ouïe divine, de la connaissance des pensées d’autrui, de la mémoire de leurs existences antérieures et d’un pouvoir surnaturel, parlent en ces termes à cet homme : Tu n’as fait, ô homme, que recouvrer la vue, et tu ne connais encore rien. D’où te vient donc cet orgueil. Tu n’as pas la