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avons mangé et dont l’arome délicieux, partout répandu, arrive jusqu’à nous.

. Donne-nous ces fruits, ô Krîchna ; leur parfum a séduit nos cœurs et fait naître en nous une envie extrême; allons-y, ô Râma , si tel est ton avis. . Ainsi parlèrent les amis des deux puissants héros. Ceux-ci ne les eurent pas plus tôt entendus que , s’empressant d’être agréables à leurs amis, ils partirent en riant, avec les bergers, pour le bois de palmiers. . Dès que Bala (Râma) y fut entré, secouant les palmiers avec les deux mains, il en abattit les fruits, comme fait un éléphant dans la plénitude de ses forces. . Au bruit que les fruits faisaient en tombant, le Démon déguisé en âne accourut, ébranlant sous ses pas la surface de la terre et les arbres d’alentour. . Le vil animal eut bientôt joint Bala : de ses deux pieds de der- rièrie, il lui envoya une ruade vigoureuse dans la poitrine, et se mit à braire en courant autour de lui. . Puis, revenant à la charge avec acharnement, l’âne s’arrêta en face de Bala, ô roi, et lança contre lui avec rage ses deux pieds de derrière. . Râma lui prit les deux pieds, le fit tourner en l’air d’une seule main, et, l’étourdissant par ce mouvement, il le jeta sans vie au faite d’un arbre. . Le palmier au port et à la cime gigantesques oscilla sous le coup et se brisa en ébranlant son voisin, qui en abattit un second, et celui-ci un troisième. . Bien que ce n’eût été qu’un jeu pour Bala de lancer à la cime du palmier le cadavre de l’âne , tous les palmiers furent ébranlés par le contre-coup, comme si un ouragan se fût déchaîné sur eux. . Rien d’étonnant à cela de la part du bienheureux Ananta , du maître des mondes, sur qui l’univers entier est tissé en long et en large, comme l’étoffe sur les fils.