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18. Sunîthâ, femme d’Ag̃ga, mit au monde le redoutable Vêna, dont les habitudes violentes dégoûtèrent du monde son père, le Rǐchi des rois, et le forcèrent à quitter sa capitale.

19. C’est lui que maudirent, dans leur indignation, les solitaires, dont la parole est comme la foudre ; c’est lui dont ils secouèrent plusieurs fois la main droite, quand il fut mort.

20. Une fois que le monde n’eut plus de chef, les peuples devinrent la proie des brigands ; mais Prǐthu, qui était né d’une portion de Nârâyaṇa, fut le premier roi de la terre.

21. Vidura dit : Comment le fils d’Ag̃ga, de ce monarque, trésor de vertu, qui était bon, ami des Brâhmanes, magnanime, devint-il vicieux et força-t-il son père découragé à se retirer ?

22. Quel crime commit donc Vêna pour que les solitaires, qui connaissaient la loi, frappassent du sceptre du Brâhmane un roi auquel appartient le droit de punir ?

23. Le souverain d’un peuple, fût-il même coupable, ne doit pas être méprisé par ses sujets, parce qu’il porte dans sa propre splendeur l’énergie des Gardiens du monde.

24. Raconte-moi donc, ô Brâhmane, la conduite que tint le fils de Sunîthâ ; j’ai de la foi et de la dévotion, et tu es le plus habile de ceux qui possèdent ce qu’il y a de supérieur comme ce qu’il y a de moins élevé dans la science.

25. Mâitrêya dit : Le Râdjarchi Ag̃ga célébra le grand sacrifice de l’Açvamêdha ; mais les Dêvatâs ne tinrent pas à la cérémonie, quoiqu’ils fussent invoqués par les sages qui expliquent le Véda.

26. Alors les sacrificateurs étonnés dirent au roi qui faisait célébrer la cérémonie : Les Dieux, ami, n’accueillent pas les offrandes que tu jettes dans le feu du sacrifice.

27. Ô roi ! Les offrandes présentées avec foi, ne sont pas viciées ; des hymnes sacrés qui n’ont pas perdu leur force sont employés pour toi par des Brâhmanes fidèles à leurs devoirs.

28. Nous ne pouvons découvrir ici la moindre marque de mépris pour les Dieux, ni pourquoi les Dêvas, témoins de la cérémonie, n’y prennent pas la part qui leur revient.