Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 2.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

9. Le fils d’Iḍaviḍâ lui ayant accordé cette grâce avec un cœur satisfait, disparut ensuite à ses yeux, et retourna dans sa capitale.

10. Alors Dhruva célébra des sacrifices, accompagnés de nombreux présents, en l’honneur du Chef des sacrifices, de celui qui est l’œuvre même à laquelle concourent, avec diverses substances, les cérémonies et la Divinité, de celui enfin qui en assure le fruit.

11. Animé d’une dévotion ardente pour Atchyuta, l’âme de l’univers dont il est cependant distinct, il vit le Seigneur suprême qui résidait dans son âme et au sein des créatures.

12. Plein de vertu, ami des Brâhmanes, compatissant pour les malheureux, gardien des digues élevées pour protéger la loi, il se montra comme un père aux yeux de ses sujets.

13. Il gouverna la terre pendant trente-six mille années, dépensant sa vertu dans les plaisirs, mais aussi détruisant ses péchés par la rigoureuse observation de ses devoirs.

14. Après avoir ainsi célébré de nombreux sacrifices qui lui assurèrent la jouissance des trois objets [que recherche l’homme], ce prince magnanime, maître de ses sens, laissa le trône à son fils.

15. Songeant que c’est Mâyâ qui fait apparaître cet univers au sein de l’Esprit, de même que c’est l’ignorance qui crée la ville des Gandharvas que l’on voit dans un songe ;

16. Après avoir reconnu que l’action du temps attaquait son corps, sa femme, ses enfants, ses amis, son armée, ses richesses, son trésor, son palais, ses jardins délicieux et la terre qui a l’Océan pour ceinture, il se rendit sur les bords de la Viçâlâ.

17. Là, s’étant plongé dans cette onde fortunée, pur de cœur, maître de sa position, retenant son souffle, ramenant ses sens dans son cœur, il fixa son cœur même sur la forme solide qui est l’image de Bhagavat ; puis contemplant sans intermédiaire [l’objet de sa pensée], il abandonna cette forme elle-même dans sa méditation.

18. Vouant au bienheureux Hari une dévotion constante, incessamment inondé par les larmes du bonheur, sentant son cœur se fondre et ses poils se hérisser, délivré des conditions de l’existence,