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univers qui se compose de la réunion de l’Intelligence et des autres principes ; c’est après avoir pénétré» en tant qu’Esprit, les qualités de Mâyâ, qui n’ont pas de réalité, que tu parais multiple, comme le feu quand il brûle dans des fragments de bois distincts.

8. C’est avec la science que tu lui as donnée, Seigneur, que Brahmâ, se réfugiant auprès de toi, a contemplé cet univers, comme ferait un homme qui sort d’un profond sommeil ; comment pourrait-il, connaissant ce que tu as fait pour lui, ô toi qui es l’ami des malheureux, oublier tes pieds, cet asile de ceux qui sont sauvés ?

9. Certes, ils ont l’esprit égaré par l’Illusion dont tu t’enveloppes, ceux qui, te regardant, ô toi qui affranchis de la naissance et de la mort, comme l’arbre qui donne tout ce qu’on désire, t’adorent pour autre chose [que pour toi], puisqu’ils aspirent à un bonheur sensuel, fait seulement pour un cadavre, et qui existe même dans l’Enfer.

10. La délivrance finale, que les hommes obtiennent en méditant sur le lotus de tes pieds, ou en écoutant le récit de tes naissances, ne se trouve pas, même au sein de Brahma, qui repose dans sa propre grandeur. Comment y parviendraient-ils donc ceux que le glaive de Yama renverse de leur char brisé ?

11. Puissé-je, ô Dieu infini, jouir de la société de ces grands personnages au cœur pur qui te témoignent, incessamment leur dévotion, afin qu’enivré par le divin breuvage du récit de tes qualités, je franchisse promptement le redoutable Océan de l’existence, plein d’innombrables misères !

12. Ils oublient complètement ce corps mortel qui nous est si cher, ô Seigneur, ainsi que tout ce qui s’y rattache, femme, fils, parents, maisons, richesses, ils oublient tout cela, ceux qui aiment la société des hommes dont le cœur est ravi par le parfum du lotus de tes pieds, ô toi dont le nombril a produit un lotus,

13. Ta forme solide, qui se compose de la réunion des hommes, des Dâityas, des Dêvas, des reptiles, des oiseaux, des arbres et des quadrupèdes ; cette forme dont les attributs existent et n’existent pas [pour nos organes], et qui est le produit varié de l’Intelligence et des autres principes ; cette forme, ô Être suprême et incréé, [c’est la