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73. Il passa de même le second mois, livré au culte du Seigneur suprême, ne se nourrissant plus que tous les six jours d’herbes et de feuilles fanées.

74. Le troisième mois, ne prenant plus d’autre aliment que de l’eau, et seulement tous les neuf jours, il se réfugia, par la méditation, auprès de celui dont la gloire est excellente.

75. Le quatrième mois, il ne se nourrit plus que d’air, et seulement tous les douze jours ; et, maître de sa respiration, il embrassa le Dieu dans sa pensée.

76. Quand le cinquième mois fut venu, le fils du roi, toujours maître de sa respiration et méditant sur Brahma ; se tint debout sur un seul pied, immobile comme un poteau.

77. Après avoir complètement ramené au dedans de lui son cœur, ce siège de l’action des sens et des objets matériels, Dhruva méditant sur la forme de Bhagata, ne vit plus rien autre chose.

78. À la vue de ce sage qui s’était rendu maître de Brahma, du souverain Seigneur de la Nature et de l’Esprit, qui renferme en lui-même l’Intelligence et les autres principes, les trois mondes tremblèrent de crainte.

79. Pendant que le fils du roi se tenait debout sur un pied, la moitié de la terre, blessée par son pouce, s’inclina [sous son poids], semblable à un bateau qui, portant un éléphant vigoureux, penche à chaque pas qu’il fait du côté gauche ou du côté droit.

80. Tandis que, maître de sa respiration et des voies qu’elle parcourt, il contemplait ce Dieu qui est l’univers même, en ne le distinguant plus de son propre esprit, les mondes et leurs Gardiens, souffrant d’une puissance qui suspendait en eux le souffle vital, allèrent implorer le secours de Hari.

81. Les Dêvas dirent : Non, nous n’avons jamais vu, ô Bhagavat, l’Être qui renferme en son sein toutes les créatures du monde mobile et immobile, suspendre ainsi sa respiration ; délivre-nous du malheur qui nous menace ; nous venons, Dieu secourable, chercher un asile auprès de toi.

82. Bhagavat dit : Ne craignez rien ; je détournerai cet enfant de