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ciel, contre les Asuras, lutte dans laquelle les Dieux, privés de l’appui de leur précepteur spirituel qui les avait abandonnés, ne purent vaincre qu’avec le secours de Viçvarûpa, qui transmit à Indra la formule magique nommée la Cuirasse de Nârâyaṇa. Mais Viçvarûpa, qui descendait par sa mère des Dâityas, ayant voulu donner aux Asuras leur part du sacrifice des Dieux, Indra lui trancha sa triple tête. Tvachṭrĭ, père de Viçvarûpa, lui suscita un adversaire qui fut Vrĭtra, le célèbre ennemi d’Indra, que l’on connaît déjà par le Rĭgvêda et le Mahâbhârata. Vrĭtra résiste longtemps au Dieu du ciel ; mais enfin il succombe, après avoir fait plus d’une profession de foi à Vichṇu, additions qui enlèvent à cette légende ancienne une partie de la grandeur épique qu’elle a dans les Vêdas. Tout ce récit s’étend du vie au xiiie chapitre. Mais le poète éprouve le besoin d’expliquer comment il se peut faire que Vrǐtra ait été un aussi zélé Vichnouvite ; et pour y arriver, il introduit, du chapitre xvi au chapitre xvii, l’histoire d’un ancien roi nommé Tchitrakêtu, qui eut un fils unique que la mort lui enleva au berceau, et qui consolé de cette perte par les sages Ag̃giras et Nârada, devint un des êtres célestes connus sous le nom de Vidyâdharas. Dans cette situation nouvelle, il s’oublie jusqu’à insulter Çiva et sa femme, et il est, pour cette faute, condamné à renaître parmi les Dânavas, c’est-à-dire qu’il devient Vrǐtra. Cette explication, bien suffisante pour un Indien, parce qu’elle repose sur la croyance antique et populaire à la transmigration des âmes, achève d’ôter à la légende de Vrǐtra son véritable caractère. Vrǐtra devenu un personnage presque humain, n’est plus cette imposante image de l’obscurité contre laquelle lutte le Dieu du ciel, et qu’il chasse devant lui sous les coups de son tonnerre.

Le chapitre xviii reprend l’histoire des familles issues de Dak-