plus susceptible d’un autre sens que de celui de « sage, chantre inspiré, » qu’il a dans tous les monuments de la littérature sanscrite, et je devais en faire une épithète du nom d’Uçanas. Secondement, M. Wilson développant dans une note spéciale la généalogie des descendants de Bhrǐgu, s’exprime ainsi : « Védaçiras épousa Pîvarî, et en eut beaucoup d’enfants, qui formèrent la famille ou tribu brâhmanique des Bhârgavas, fils de Bhrǐgu. Le plus célèbre d’entre eux fut Uçanas, le précepteur des Dâityas, qui, suivant le Bhâgavata, était fils de Védaçiras, mais que le Vâyu Purâṇa dit fils de Bhrǐgu et de Pâulômî, et qu’il fait naître dans un autre âge[1]. » Les mots, suivant le Bhâgavata, étaient décisifs ; il me parut évident que M. Wilson avait eu sous les yeux le passage qui nous occupe, qu’il y avait vu qu’Uçanas était fils de Védaçiras, et qu’ainsi il ne fallait pas chercher dans Kavi un personnage distinct d’Uçanas. Je franchis donc ce degré, et je fis rapporter le vers cité plus haut à Védaçiras, de cette manière : « Duquel le chantre inspiré, descendant de Bhrǐgu, le bienheureux Uçanas fut le fils. »
Dans tout ceci je cédais évidemment à l’influence qu’exerçait sur mon esprit une grande autorité européenne, celle d’un homme qui a sur nous tous l’incontestable avantage d’avoir puisé la connaissance qu’il possède de l’Inde ancienne à la source encore vive de la tradition brâhmanique. On va voir maintenant avec quelle facilité le texte se prête à une interprétation différente ; et l’on jugera s’il ne vaut pas beaucoup mieux le suivre ici servilement, et se soumettre à l’autorité, si souvent contestable d’ailleurs, de Çrîdhara, le Vichnouvite avenue et passionné.
Et d’abord, l’interprétation littérale du vers est toute en faveur du premier sens. Le texte, il est vrai, ne s’explique pas sur le
- ↑ Wilson, The Vishṇu Purâṇa, loc. cit.