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LIVRE QUATRIÈME.

peu à peu à lui rendre le calme ; il touche les pieds de cette épouse chérie, et lui dit en la serrant entre ses bras :

21. Sans doute ils ne doivent leur pureté qu’à toi, ceux de tes esclaves coupables auxquels le maître, connaissant leur soumission, n’inflige pas le châtiment fait pour les instruire.

22. C’est cependant la plus grande des faveurs, qu’un châtiment infligé par un maître à son esclave ; et c’est un ignorant, que celui qui, incapable de le supporter, n’y voit pas l’action d’un ami.

23. Ô toi dont les sourcils et les dents sont si beaux, laisse voir à ton esclave, femme vertueuse, ce visage qu’animent des regards où brille un sourire alangui par la pudeur et par l’excès de l’amour, que parent un beau nez et des boucles de cheveux noirs semblables à des abeilles, et duquel sortent de ravissantes paroles.

24. Oui, femme d’un héros, quel que soit celui qui t’a fait injure, je le châtierai, à moins que ce ne soit un Brâhmane ; car je ne vois, même en dehors des trois mondes, personne qui soit à l’abri de la crainte [de mon pouvoir] et au comble de la joie, si ce n’est le serviteur de l’ennemi de Mura.

25. Jamais je n’ai vu ton visage comme il est aujourd’hui, ne portant plus la marque du Tilaka, terni, triste, animé par la colère, privé de ses ornements, n’exprimant plus l’amour ; jamais tes beaux seins n’ont été baignés par les larmes de la douleur ; jamais tes lèvres semblables au fruit du Bimba n’ont été privées de la parure qu’y dépose la couleur jaune [du bétel].

26. Pardonne à ton ami que trouble ta douleur, la faute qu’il a commise en allant seul à la chasse ; quelle est l’amante qui ne se rendrait pas, quand il le faut, à un amant soumis dont le courage ne peut résister aux ardeurs du Dieu qui a pour armes des fleurs ?

FIN DU VINGT-SIXIÈME CHAPITRE, AYANT POUR TITRE :
ÉPISODE DE PURAM̃DJANA,
DANS LE QUATRIÈME LIVRE DU GRAND PURÂṆA,
LE BIENHEUREUX BHAGAVATA,
RECUEIL INSPIRÉ PAR BRAHMÂ ET COMPOSÉ PAR VYÂSA.