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LIVRE QUATRIÈME.

quand tu seras mort, elles viendront, animées par la fureur, te déchirer avec des pointes de fer.

9. Je vais te raconter, à ce sujet, un ancien Itihâsa, l’histoire du roi Puram̃djana ; écoute-moi pendant que je parlerai.

10. Il y eut jadis, ô roi, un monarque glorieux nommé Puram̃djana, qui avait pour ami un personnage dont le nom comme les œuvres sont inconnus.

11. Ce roi parcourut toute la terre en cherchant une retraite ; mais comme il n’en trouvait pas de convenable, il tomba presque dans le découragement.

12. Avide de plaisirs, il ne voyait parmi les nombreuses villes qu’il avait visitées sur la terre, aucun séjour qui lui assurât les jouissances qu’il désirait.

13. Un jour, sur les sommets de l’Himavat qui regardent le sud, il aperçut une ville ayant neuf portes, et à laquelle il ne manquait rien de ce qui constitue une cité.

14. On y voyait des maisons entourées de remparts, de fossés et de jardins, munies de fenêtres, de portiques, et surmontées de pavillons et de toits d’or, d’argent ou de fer.

15. Les palais y reposaient sur un sol formé de saphir, de cristal, de lapis-lazuli, de perles, d’émeraudes et de rubis ; toute la ville resplendissait d’un éclat pareil à celui de Bhôgavatî.

16. On y voyait des lieux d’assemblée, des carrefours, des grandes routes, des places où l’on jouait, des marchés, des arbres consacrés, des drapeaux, des étendards, et des bancs faits de corail.

17. Hors de la ville était un jardin rempli d’arbres divins et de plantes grimpantes, et renfermant des lacs qui retentissaient du chant des oiseaux et du bourdonnement des abeilles.

18. Le vent qui, chargé des gouttes d’eau enlevées aux cascades glacées, traversait des masses de fleurs, y agitait les rameaux et les branches des arbres qui ornaient les bords de ces étangs.

19. Des troupes d’animaux paisibles comme des solitaires y erraient sans s’opposer aux pas du voyageur, qui s’y trouvait appelé en quelque sorte par le cri des Kôkilas.