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LE BHÂGAVATA PURÂṆA.

50. Et ce beau ventre, semblable à la feuille [de l’Açvattha], sur lequel les mouvements de la respiration se marquent par des plis mobiles ; et ce nombril profond tracé en forme de cercle, dans lequel il fait rentrer l’Univers ;

51. Et ces hanches noires qui rehaussent l’éclat de son vêtement que retient une ceinture d’or ; et ces pieds, ces jambes, ces cuisses belles et égales, et ces genoux qui ne saillent pas.

52. Laisse-nous voir, enfin, ce corps dont les pieds brillants comme la feuille du lotus d’automne, effacent, par l’éclat de leurs ongles, les péchés de nos cœurs, ce corps qui dissipe toute crainte ; car c’est toi qui montres la voie à ceux qui sont dans les ténèbres.

53. Celui qui désire la pureté de l’âme, doit méditer sur cette forme ; car la dévotion avec laquelle l’homme fidèle à son devoir s’y unit de cœur, lui donne la sécurité.

54. Tu ne peux être saisi que par celui qui t’est dévoué, et les êtres, quels qu’ils soient, ne t’atteignent pas aisément, puisque tu es un objet de désir pour le Souverain même du ciel ; tu es la voie de celui qui ne connaît plus que l’Esprit.

55. Quand on a offert au Dieu qu’il n’est pas facile d’adorer le culte de cette dévotion exclusive à laquelle les gens de bien eux-mêmes parviennent si difficilement, pourrait-on désirer, hors de ce monde, autre chose que ses pieds ?

56. Que l’homme cherche là un refuge, et le Temps cessera de le regarder comme sa proie, le Temps qui ébranle l’univers d’un seul mouvement de ses sourcils qu’agitent la puissance et la force.

57. Non, je ne donnerais pas un instant d’entretien avec ceux qui te sont dévoués, pour la possession du ciel, pour l’avantage de ne plus renaître, à plus forte raison pour les biens des mortels.

58. Aussi puissé-je jouir de la société des hommes doués de bonté et de compassion pour les créatures, des hommes qui se sont lavés de leurs souillures intérieures et extérieures, en se plongeant dans les eaux de ton fleuve et au sein de ta gloire, ô toi dont les pieds peuvent effacer toute faute ! c’est là la grâce que je te demande.