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duit les anciens monuments. Ensuite, en face de ces monuments, nous ne sommes que des commentateurs, et il y aurait peut-être quelque orgueil à nous croire mieux préparés à ce rôle que les Indiens eux-mêmes. Enfin, la condescendance qu’on peut avoir pour leurs opinions n’exercera jamais sur le progrès européen des études indiennes une très-fâcheuse influence ; car de deux choses l’une : ou les explications brahmaniques sont vraies, et alors elles se justifieront plus tard d’elles-mêmes ; ou elles sont fausses, et alors la critique ne tardera pas à posséder les moyens d’en faire justice. Qui aurait le courage de reprocher au digne et à jamais regrettable Frédéric Rosen d’avoir suivi, un peu servilement peut-être, les sentiments des commentateurs indiens ? Et qui, d’un autre côté, pourrait être blâmé d’opposer à ces sentiments quelques-unes de ces interprétations simples et fécondes, qui sortent si naturellement des textes expliqués par les seuls secours de la philologie ? Si aujourd’hui qu’on ne possède encore qu’une faible portion des Vêdas, aucune des suppositions de la critique ne doit être taxée d’audace, que sera-ce quand on connaîtra la totalité de ces livres, et qu’on pourra les placer au grand jour de la raison européenne, sous un horizon plus vaste que celui où se tient le génie brâhmanique ? En un mot, rien ne me paraît plus légitime, et j’ajouterai plus nécessaire, que le travail de la critique ; mais je pense aussi qu’avant de réfuter les explications indiennes, et pour le faire avec avantage, la critique a besoin de les connaître et de les exposer.

Les passages touchant lesquels je pourrais me repentir d’avoir trop facilement cédé à l’autorité du commentateur, ne sont, je l’espère du moins, ni importants, ni nombreux. Il en est un au sujet duquel je regretterais de m’en être affranchi, pour me laisser guider par des considérations étrangères, si la bienveillance de