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LE BHÂGAVATA PURÂṆA.

ramenant à lui les molécules élémentaires à l’aide de sa personnalité, il unit celle-ci au principe de l’intelligence qui était en lui.

18. Il déposa l’intelligence, qui est le théâtre de toutes les qualités, dans sa vie individuelle, ce produit de Mâyâ ; et enfin, ramené à sa forme propre par l’énergie de la science et du détachement, l’Esprit souverain qui résidait au sein de cette individualité, abandonna cette enveloppe intérieure elle-même naguère attachée à lui.

19. La reine Artchis sa femme suivit son époux dans la forêt, marchait à pied en dépit de sa grandeur et de sa tendre jeunesse.

20. La pratique rigoureuse des austérités que s’était imposées le roi, l’obéissance, la dureté de la vie de Rĭchi, rien n’était pénible pour la reine, quoique son corps en souffrît, parce qu’elle s’était soustraite à l’orgueil et au contact des mains de son cher époux.

21. Voyant que la vie avait complétement abandonné le corps de ce roi, qui était pour elle et pour la terre un objet d’amour, la vertueuse femme fit entendre quelques plaintes ; puis elle plaça le corps sur un bûcher dressé au sommet de la montagne.

22. Quand elle eut tout préparé pour les funérailles, elle se baigna dans un torrent ; puis ayant offert de l’eau à son glorieux époux, elle salua les Dieux, habitants du ciel, et ayant fait trois fois le tour du bûcher, elle entra dans le feu en songeant à son mari.

23. À la vue de cette femme vertueuse qui suivait le grand Prithu son mari, les Déesses, à qui l’on doit tous les biens, se réunirent par milliers à leurs époux, afin de la célébrer.

24. Répandant une pluie de fleurs sur le large sommet de la montagne, elles se disaient les unes aux autres, au milieu du retentissement des instruments castes.

25. Les Déesses dirent : Ah ! qu’elle est heureuse cette femme qui a servi le premier des rois avec un dévouement aussi complet que celui de Çrî pour le Dieu, Chef du sacrifice !

26. Voyez ! la voilà, cette femme vertueuse, qui, pour prix de son inconcevable courage, s’élève à la suite du fils de Vêna, bien au-dessus de notre demeure.

27. Qu’y a-t-il de difficile pour les mortels qui, pendant leur exis-