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honneurs de l’hospitalité de Prĭthu, qui embrassait avec les transports d’une ardente dévotion le lotus de ses pieds,

20. Manifesta l’intention de s’éloigner ; mais à la vue du roi, le Dieu aux yeux de lotus, retenu par son affection pour les hommes vertueux qu’il aime, ne put se décider à partir.

21. Tenant ses mains jointes, le premier des rois, les yeux baignés de larmes, ne put regarder Hari ; il ne put, avec sa voix étouffée par les sanglots, prononcer aucune parole, et il resta immobile, embrassant en son cœur le Dieu qu’il y retenait.

22. Puis essuyant ses larmes et ouvrant les yeux, il s’adressa ainsi à Purucha, pendant que ses regards contemplaient sans se lasser le Dieu dont les pieds touchaient la terre, et dont la main reposait sur l’épaule élevée de l’oiseau ennemi des serpents.

23. Prĭthu dit : Ô Seigneur ! Ô toi qui es le premier des êtres généreux ! Comment un sage pourrait-il te demander des faveurs réservées aux Dieux qu’anime le sentiment de la personnalité, et même aux mortels condamnés à l’Enfer ? Non, je ne les ambitionne pas, ô souverain maître de la délivrance absolue.

24. Je n’aimerai jamais, Seigneur, les lieux où l’on ne voit pas le nectar du lotus de tes pieds tomber de la bouche des sages magnanimes qui le laissent échapper de leurs cœurs. Donne-moi dix mille oreilles [pour les entendre] ; c’est là la faveur que je sollicite.

25. Le vent qui accompagne une seule goutte de l’ambroisie du lotus de tes pieds, ô toi dont la gloire est excellente, au moment où elle tombe de la bouche des sages, réveille la mémoire des mauvais Yôgins même qui marchent dans l’oubli de la vérité. Quant à nous, nous n’avons pas besoin d’autres faveurs.

26. Comment, ô Dieu glorieux, l’homme qui, dans une assemblée respectable, a entendu, ne fût-ce qu’une fois et en passant, ta gloire fortunée, pourrait-il, s’il en connaît les vertus et s’il n’est pas un animal stupide, cesser de l’écouter, quand on voit Çrî, dans son ardeur à réunir tous les mérites, préférer à tout cette gloire ?

27. Aussi te recherché-je, toi le meilleur de tous les Esprits, toi l’asile des qualités, avec un empressement égal à celui de la Déesse