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CHAPITRE XVIII.

PRǏTHU TRAIT LA TERRE.


1. Mâitrêya dit : Ayant ainsi loué Prĭthu, dont la lèvre inférieure tremblait de colère, la terre épouvantée, se rendant enfin maîtresse de son trouble, reprit en ces termes :

2. Retiens ta colère, ô Seigneur, et consens à écouter mes paroles ; le sage, semblable à l’abeille, sait retirer de toutes choses une substance précieuse.

3. Les solitaires, qui connaissent la vérité, ont prévu et employé les moyens faits pour assurer le bonheur des hommes, tant dans ce monde que dans l’autre.

4. L’homme simple, mais rempli de foi, qui emploie d’une manière convenable ces moyens reconnus depuis longtemps, en obtient bien vite les résultats.

5. Mais le sage même qui se met à l’œuvre, sans tenir compte de ces moyens, voit ses desseins échouer chaque fois qu’il veut les accomplir.

6. J’ai vu, ô roi, les plantes annuelles, créées jadis par Brahmâ, dévorées par des méchants, contempteurs des cérémonies.

7. Privée de la protection et du respect qui m’étaient dus par les maîtres du monde, voyant l’univers en proie aux voleurs, je mangeai les plantes dans l’intérêt du sacrifice.

8. Sans doute elles se sont depuis longtemps détruites dans mon sein ; aussi dois-tu, pour les en retirer, employer le moyen que je vais t’indiquer.

9. Présente-moi un jeune veau, prince héroïque, afin que je devienne pour toi la vache féconde ; prends un vase convenable, et je te donnerai tous les biens, comme une vache donne son lait.