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mis aucune faute ? Comment un prince qui passe pour connaître la loi pourrait-il tuer une femme ?

20. Les hommes, en effet, ne frappent jamais une femme, même lorsqu’elle est coupable ; que sera-ce donc d’un monarque qui est, comme toi, compatissant et ami des malheureux ?

21. Si tu me déchires, moi qui suis le vaisseau solide sur lequel repose l’univers, comment pourras-tu te soutenir au-dessus des eaux toi et ton peuple ?

22. Prǐthu dit : Ô terre ! Je te détruirai, parce que tu refuses d’obéir à mes ordres, toi qui, prenant ta part du sacrifice, ne nous donnes pas les biens [que tu possèdes].

23. La mauvaise vache qui, mangeant l’herbe chaque jour, refuse de laisser couler le lait de ses mamelles, ne mérite-t-elle pas d’être châtiée pour cette faute ?

24. Insensée ! C’est par mépris pour moi que tu ne laisses pas paraître les germes des plantes créées jadis par Svayam̃bhû et qui sont renfermées dans ton sein.

25. J’apaiserai les plaintes de mes sujets misérables que la faim tourmente, en te perçant de mes flèches et en leur donnant ta chair.

26. Le méchant, que ce soit un homme, une femme ou un eunuque, qui, ne songeant qu’à lui, n’a pas de pitié pour les créatures, peut être tué par un roi ; sa mort n’est pas un meurtre.

27. Par la force du Yoga dont je dispose, je te briserai à coups de flèches en morceaux aussi petits que la graine de sésame, toi qui, par obstination et par orgueil, te déguises sous cette forme de vache, et je soutiendrai ainsi mes peuples.

28. [Mâitrêya dit :] S’inclinant avec respect devant le roi, dont la contenance irritée ressemblait à celle du Dieu de la mort, la terre lui parla ainsi, tremblante de crainte :

29. Adoration à l’Esprit suprême qui, revêtu de qualités, paraît, à l’aide de sa Mâyâ, sous des formes diverses ! Adoration à celui qui, par la majesté de sa forme véritable, dissipe le trouble de l’erreur, que causent la matière, l’action et la qualité d’agent !

30. Celui qui m’a créée pour que je fusse le séjour des êtres