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9. Mâitrêya dit : Lorsque Prǐthu eut été sacré par les Brâhmanes qui l’avaient salué du titre de protecteur du peuple, ses sujets, voyant la surface de la terre stérile, se rendirent auprès de leur roi, le corps amaigri par la faim, et lui parlèrent ainsi :

10. Ô roi ! Dévorés par une fièvre intérieure, comme des arbres dont le cœur est consumé par le feu, nous venons aujourd’hui chercher un asile auprès de toi, de toi qui es secourable et qui as été crée notre maître pour assurer notre existence.

12. Fais donc effort, ô toi qui es un Dieu parmi les Dieux des hommes, pour donner de la nourriture à des malheureux tourmentés par la faim, de peur que nous ne périssions privés de subsistance ; car tu es le maître de la vie, le protecteur du monde.

13. Prǐthu ayant entendu la plainte lamentable de ses sujets, en chercha longtemps la cause, et finit par la découvrir.

13. Certain d’avoir reconnu [l’origine de la disette], il saisit son arc, et l’arma d’une flèche pour en frapper la terre, irrité comme le Dieu destructeur de Tripura.

14. Tremblante d’effroi à la vue de l’arc dirigé contre elle, la terre, se changeant en vache, s’enfuit effrayée, comme la gazelle que poursuit le chasseur.

15. Furieux, les yeux rouges de colère, le fils de Vêna se mit à la poursuivre dans tous les lieux où elle cherchait à se réfugier, tenant toujours la flèche sur son arc.

16. Elle avait beau parcourir les points principaux et secondaires de l’espace, la terre, le ciel et l’atmosphère qui les sépare, partout elle voyait le guerrier qui la poursuivait l’arc en main.

17. Elle ne trouva dans le monde pas plus de secours contre Prǐthu que n’en trouvent les hommes contre la mort ; épouvantée enfin, elle suspendit sa course, le cœur brisé de douleur ;

18. Et elle parla ainsi au guerrier magnanime : Ô toi qui connais la loi et qui aimes ceux qui t’implorent ! Quoique tu veuilles protéger tes sujets, accorde-moi ton appui.

19. Pourquoi cherches-tu à tuer une malheureuse qui n’a com-