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faculté de se rendre invisible ; les Rĭchis, des bénédictions sincères ; et l’Océan, une conque née dans son sein.

20. Les mers, les montagnes et les fleuves donnèrent à ce prince magnanime des routes pour son char ; ensuite le Barde, le Panégyriste et le Héraut s’apprêtèrent à le louer.

21. Mais l’héroïque fils de Vêna, Prĭthu, devinant leur dessein, leur dit en souriant, avec une voix retentissante comme le bruit des nuages.

22. Prĭthu dit : Barde, Panégyriste, et toi, mon Héraut, si vous me louez aujourd’hui que mes vertus sont encore ignorées du monde, sur quoi porteront vos éloges ? Ah ! Craignez qu’en me célébrant vos chants ne deviennent menteurs.

23. Réservez donc pour l’avenir, ô vous dont les chants sont si beaux, la louange destinée à la gloire qui m’est promise. Les membres d’une assemblée où doivent se chanter les vertus du Dieu dont la renommée est excellente, ne font pas louer un homme d’un mérite vulgaire.

24. Quel est l’homme qui, même capable de réaliser en lui les vertus des grandes âmes, se fait louer par des panégyristes pour les mérites qu’il n’a pas encore ? « Mais, [dit le Barde,] ces mérites pourront lui venir. » Et trompé par l’événement, l’insensé ne s’aperçoit pas qu’il est la risée du monde.

25. Les princes les plus fameux et les plus magnanimes connaissent la modestie, et ils savent repousser aussi bien leur propre éloge qu’un acte de courage que condamnerait la loi.

26. Mais nous, Barde, qui ne sommes pas encore connus dans le monde par des actions d’éclat, comment irions-nous, ainsi qu’un enfant, nous faire louer nous-mêmes ?


FIN DU QUINZIÈME CHAPITRE, AYANT POUR TITRE :
HISTOIRE DE PRĬTHU,
DANS LE QUATRIÈME LIVRE DU GRAND PURÂṆA,
LE BIENHEUREUX BHÂGAVATA,
RECUEIL INSPIRÉ PAR BRAHMÂ ET COMPOSÉ PAR VYÂSA.