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PRÉFACE.

Les poètes de nos jours n’ont pas plutôt écrit le plus petit poème en dialecte vulgaire, qu’ils y inscrivent leur nom. Mais celui qui, après avoir composé un ouvrage de dix-huit mille stances, irait, même par cupidité ou par tout autre motif, y inscrire le nom de Vyâsa, serait un insensé, en vertu de la maxime qui dit : « C’est un fou que celui qui agit sans but. »

J’ajoute encore que si, de ce que le nom du Bhâg^vata n’a pas été compris par les auteurs de Digestes dans la liste des Purânas ni dans celle des Upapurânas, on concluait que c’est un livre sans autorité, il’faudrait également prétendre qu€ la partie des Vêdas dont Çamkara Âtchârya n’a pas compris le titre parmi les nombreuses branches de ce corps d’ouvrages, est également sans autorité.

Si l’on dit que le terme de Bkâgavata désigne le Dêvî Purâna, en vertu de la dérivation grammaticale du mot Bhâgavata que Ton explique ainsi : « Le Bhâgavata, c’est le livre de Bhagavati (Dêvî), » alors il faudra de même, en vertu de Fétymologie du mot gâu ( vache), que l’on tire du verbe gatchtchhati (c’est un animal qui marche), dire que l’âne, le chameau, etc. sont aussi des vaches. H faudra dire epcore » en vertu de l’étymologie du mot manuchya (hopame), que l’on explique ainsi : « C’est la descendance de « Manu, » que le cheval, le pourceau, etc. appartiennent à l’espèce humaine, [parce que les quadrupèdes descendent aussi de Manu.]

Si ensuite l’on veut arriver à la décision de la question à l’aide d’un caractère tel que le témoignage des livrés de lois, ou tout autre de ce genre, nous dirons qu’il vaut mieux demander cette décision à une définition qui repose sur des caractères tels que celui d’être composé de dix-huit mille stances, et autres semblables.

Mais, dira-t-on, (fest pour obtenir le ciel que pronàet le texte qui dit : « Autant il y a de distiques dans lesquels est chantée la gloire puure d’un « homme, autant il a de milliers d’années à être glorifié dans le ciel, »

était représenté par }a femme du Kirâta ou du montagnard ; Bhagavat, par les perles qui, suivant Topinion populaire des Hindous, sont cachées dans les bosses frontales de Véléphant, et qui se dispersent dans les foréjts, lorsqu’il les fait sortir de sa tète en se frottaftt contre le tronc des arbres ; le Bhâgavata, par réléphant ; et les misérables doctrines qu’embrassent les adversaires de ce

livre, par les petites graines si communes de la Gundjâ, YAhrasprecatorins. Quanta cette croyance populaire, qu’il existe des perles dans les tempes de l’éléphant, croyance à laquelle il, est fait de très-fréquentes allusions dans la poésie sanscrite, on peut voir les remarques du savant M. Mill sur le Kumâra Sambhava, dans le Joum. of the Asiat. Soc, ofBengal, t. II, p. SSy.