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PRÉFACE.

que le Bhâgavata était un livre sans autorité ; alors les savants dirent : « Cet « homme ne peut être qu’un enfant adultérin, il faut rechercher quelle est « son origine. » Les Panditas s’ étant livrés à cette recherche , il fut établi positivement que c’était le bâtard d’une femme veuve.

De plus, dans une éniunération des ouvrages composés par Vôpadêva que donne le Bhâgavata, on cite [seulement] trois ouvrages, savoir, le commentaire ayant pour titre Paramahamsapriya, le livre nommé Maktâphala, et celui qui a pour titre Harilîld (’). Si le Bhâgavata était aussi l’ouvrage de Vôpadêva, il eût fallu parler de quatre livres ; comment donc a-t-on pu ne parler que de trois ? De plus, nous ne voyons ici, [quant à la question d’auteur, ] matière à aucune difficulté, car lé nom de Vyâsa se trouve inscrit sur le Bhâgavata, comme l’est celui de Vôpadêva sur les trois ouvrages précités.

Quant à ce qu’on dit, qu’on ne s’autorise dans aucun Digeste (^) de l’assentiment du Bhâgavata, nous répondons à cela : Que dans les Digestes, on définit ce que c’est que le Çrâddha, le jeûne et le devoir ; mais la définition de tout cela ne se trouve pas dans le Bhâgavata ; [les Digestes ne peuvent donc citer le Bhâgavata, qui ne. parle pas de ces objets.]

Quant à ce qu’on dit, qu’on ne rémarque pas dans les stances du Bhâgavata la ressemblance qu’il serait naturel d’y trouver avec celles dont se composent les autres Purânas, qui sont l’œuvre de Vyâsa, nous répondrons à notre tour que c’est immédiatement après la totalité des livres des De-

1. Je n’ai, jusquici, retrouvé qu’un seul des trois ouvrages que notre auteur attribue èi Vôpadêva. Je remarquerai seulement (pie celui quil nomme Muktâphala [Isl perle), doit être très -connu puisqu’il le désigne ainsi par un titre vague, titre qui n’est d’ordinaire employé qu’avec le nom propre et spécial d’une branche quelconque des connaissances brahmaniques, comme le Smrïti, qui a fourni à un auteur l’idée d’un Smrïtimuktâphala, indiqué par Wilson dans le catalogue de la collection Mackenzie. Mack. CoU. 1. 1, p. 28.) Au reste, je reviendrai plus bas sur les conséquences qui résultent du titre de ces livres, et notamment de celui de Harilflâ, ouvrçige dont

on verra qu’il existe un manuscrit à Londres. 2 Le mot i^ôRT signifie en général cornposition, et en particulier commentaire ; mais ces deux sens sont encore trop vagues ici, et je n’hésite pas à donner à- ce terme la signification spéciale qu’Ëllis attribue au composé nihandhana-grantha, lequel désigne des ouvrages^’elatifs à l’ensemble des lois indiennes, ou seulement à une branche particulière de ces lois, ouvrages qui sont formés de la réunion et de l’enchaînement de textes empruntés aux Snuitis originaux , et suivis des conmientaires qui ont le plus d’autorité, (EUis, On the Law looks ofthe H indus, dans Transact. qf the lit. Society of Madras, t. I,p. 5.)

I.