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PRÉFACE.

dans son Bhaktirasâyana, a expliqué* le Bhâgavata. Des hommes comme Pûrnêndra, Vrachnêndra[1], et d’autres qui existent aujourd’hui, font réloge de ce livre ; un Bhattôdjî Dîkchita a reconnu [l’authenticité du] Bhâgavata ; quel est donc Thomme plus savant que lui qui ose attaquer le Bhâgavata ? Ce sont des hommes suivant la voie de Vâmà[2] qui attaquent le Bhâgavata, par la raison que ce livre blâme la voie de Vâma dans un passage ainsi conçu : « Qu’ils entrent dans l’initiation de Çiva, là. où « la Divinité est le jus fermenté des liqueurs enivrantes[3]. » D’autre part, ceux qui suivent la voie de Vâma attaquent Vichnu lui-même, par exemple dans ce texte : « Qu’il ne prononce pa^ le nom de Vichnu : qu’il ne touche t pas à une feuillç de Tulasî[4]. » Ils attaquent même le Vêda, quand ils disent : « Les trois auteurs du Vêda sont des bateleurs, des fripons et des « démons nocturnes[5]. » Ceux qui mangent de la chair attaquent le


1. Si ma copie reproduit fidèlement le manuscrit’, il faut croire que ce nom est altéré ; on doit probablement lire Vrïchnùidra ou Vârchnéyéndrà, Ces noms propres me sont d’ailleurs inconnus.

2. Le nom de Vâma est synonyme de celui de Çiva ; mais il se peut que le texte veuille ici désigner spécialement les Vàmatchâdns, c est-à-dire ceux qui suivent la seconde des deux divisions de la grande secte des Çâivas, nonmiée Çâkta, ou, comme on l’appelle dans llnde, la division de la main gauche (dev^ma, gauche, et tckârin, qui.marche), par opposition à’celle des Dakchinâtchârins , c’est-à-dire des Çâivas qui appartiennent à la main droite. ( Wilson , Sketch oftke relig. Sects, àdJïS’Asiat, Res, t. XVn, p. 2iB et 221 sqq.)

3. Ce texte appartient à notre Bhâgavata, et il se trouve liv. IV, ch. ii, st. 29.

4. La plante Tulasi, ou YOcymam sanctam, est l’objet d’un culte spécial de la part des sectateurs de Vichnu. Les anciens Bhâgavatas , contemporains de Çamkara , la regardaient conmoie’ une plante sacrée. (Wilson, Sketch of the relig, Sects, dans Asiat, Res. t. XVI, p. 12.) On la trouve assez souvent nommée dans le Bhâgavata, et il sera parlé dans les notes des légendes qui s’y rapportent.

5. M. Wilson, dans son Mémoire sur les sectes religieuses des Hindous , cite ce vers qui est de Vrïhaspati ; mais il a eu sous les yeux un texte un peu différent du mien . car il lit MUi^PuiM^i : , au lieu Je jfwrnf ^UII-d^l : de notre auteur, mots qu’on ne peut traduire que par « des solitaires, des fripons « et des démons nocturnes , » ou encore « de « faux solitaires ; etc. » [Asiat, Res, t. XVI, p. 6, note.) Je n’ai pas hésité à préférer le texte que donpe M. Wilson , parce qu’il l’a extrait d’un ouvrage plus ancien que le nôtre, c’est-à-dire du Sarvadarçana Samgraha écrit par Mâdhava, ouvrage auquel ce savant indianiste a encore emprunté d’autres vers de Vrïhaspati. (Ibid., p. 18.)

    nom de Sarasvatt, qui montre qu’il faisait partie de la secte Çâiva des, Daçanâmis, établit un rapport entre lui et Viçvêçvarânanda, qui portait également ce çurnom, et qui , suivaîit Colebrookè , fut le précepteur de Madhusûdana le védantiste.

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