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PRÉFACE.

De plus, le Mâtsya Puràna, au chapitre de la transmission des Purânas, donne la définition du Bhâgavata en ces termes : « Le livre qui contient « dix-huit mille stances[1]. » Le Pâdma Puràna dit aussi : « Le livre, 6 Amt baricha, qui a été eiqposé par Çuka. » Or cela ne convient pas au Dévî Puràna.

Ensuite, un homme comme Dikchita[2], djans son traité intitulé Çivatattvavivékaf et dans d’autres livres, a reconnu le Bhâgavata, en s’autorisant de son témoignage. Un savant comme Madhusûdana Sarasvatî[3]

1. Je soupçonne que i auteur, citant, selon toute apparence » de mémoire, n’a pas fort exactement reproduit la définition que le Mâtsya donne du Bhâgavata ; car j’ai sous les yeux le chapitre même du Màtsy^i auquel il renvoie, et les mots que cite Tauteur de notre traité ne s’y trouvent pas, quoique ce fait, que le Bhâgavata se compose de dix-huit mille stances, y soit positivement exprimé, mais en des termes un peu différents et plus développés. Le passage du Mâtsya auquel je fais allusion sera cité plus bas, article i5 du troisième traité. Ce qui me confirme dans Tidée que notre auteur a fait une fausse citation, c’est que les mots, « le « livre qui contient dix-huit mille stances, » qu’il allègue conmie étant du Mâtsya, sont donnés par l’auteur du troisième traité, article 17, comme appartenant à un autre ouvrage que d’ailleurs ce traité ne nomme pas. C’est également de cette manière que les rapporte Çridhara Svâmin, l’auteur du commentaire sur le Bhâgavata, que j’ai sous les yeux. (Bhâgavata, ms. de la Soc. Âsiat. de Paris, 1. I, fol. 2 r. fin.)

2. Le nom de Dikchita est, à proprement parler, un titre qui signifie initié, et qui désigne l’élève d’un ascète. On connaît plusieurs auteurs qui ont ajouté ce titre à leur nom, et on cite parmi les plus célèbres Âpyâya Dikchita, le philosophe védàntiste, et Bhattôdji Dikchita, le grammairien. Le

premier passe pour avoir composé un grand nombre d’ouvrages, dont Colebrooke dtc quelques-uns (MiscelL Essays, t. I, p. 333 et 337), et Wilson lui attribue la rédaction d’un commentaire sur queliques partie ; de notre Bhâgavata, dont Âpyâya s’autorisait pour établir la doctrine de J’identitê de Çiva et de Brahma. {Mack. Coll. t. I, pag. i3.) Âpyâya Dikchita était donc un Çâiva, fait qui me porte à croire que c’est lui que notre texte veut désigner, quand il parle d’un Dikchita, auteur d’un Çivatattvavivéka, ou d’un traité intitulé : Distinction de ia natare de Çiva. Âpyâya Dikchita passe pour avoir fleuri sous les rois de Vidjayanagara, au commencement du xvi* siècle (Ibid. p. 116 et 297), et M. Wilson fixe même sa date au temps de Rrïchna Raya, vers l’an 1620 ( Théâtre of the Hindus, préf. pag. xxii), ou vers 1626 [Ibid. t. U, p. 388).

3. Colebrooke parle d’un ^dhusûdana, qu’il donne comme l’un des commentateurs du Mugdhabôdha de Vôpadéya [MiscelL Essays, t. n,.p. d6), et que Sâyana cite dans son Mâdhaviyavrïtti. [Ibid, p. Ag.) Xignore si c’est le Madhusûdana auquel Colebrooke attribue plusieurs ouvrages sur la philosophie Védânta, et qu’il dit avoir été disciple de Viçvéçvarânanda Sarasvati. (Ibid. tom. I, p. 337.) Ce Madhusûdana est probablement celui que notre traité a en vue ; car le sur-

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