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PRÉFACE.

à son tour, a six disciples entre lesquels il divise la collection qu’il avait reçue de Vyâsa, de sorte qu’il se forme autant de collections qu’il y a de disciples. Les deux textes parlent ensuite, l’un de quatre collections fondamentales, l’autre de quatre auteurs qui étudièrent chacun les six collections, et qui semblent les avoir réduites à quatre. Cette partie de l’exposition est obscure, et rien ne détermine le rapport de ces quatre collections avec les six qui résultaient déjà de la distribution opérée par Rômaharchana entre ses disciples. Dans le Vâichṇava, qui est beaucoup plus détaillé que le Bhâgavata, la quatrième collection est donnée

    tuels, et qui serait bien faite pour déconsidérer cette classe de livres aux yeux de la critique, si l’existence même de telles imaginations dans certains ouvrages ne donnait un nouveau prix à ceux qui n’en sont pas entachés. Suivant le Mâtsya, le premier des livres sacrés sortis de la bouche de Brahmâ aurait été un Pûraṇa, et les Védas mêmes n’auraient paru qu’après ce Pûraṇa primitif, qui comprenait la masse fabuleuse de cent millions de stances. Ce ne fut qu’au bout de plusieurs périodes de créations que Vichṇu, s’incarnant sous la forme de Vyâsa et paraissant dans chaque Dvâpara Yuga, divisa ce vaste recueil en dix-huit livres. Mais le Pûraṇa, type divin des Pûraṇas humains, n’en subsiste pas moins dans le ciel avec ses proportions gigantesques. (Mâtsya Pûraṇa, ms. beng.xviii, fol. 67 v. sqq.) M. Wilson nous apprend que le même récit se trouve aussi dans le Pâdma Pûraṇa, et j’ai lieu de croire, d’après son analyse, qu’il est conçu à peu près dans les mêmes termes que celui du Mâtsya. (Voyez Essays on the Pur. dans Journal of the Roy. Asiat. Society, t. V, p. 281.) Il est bien évident que cette fable, aussi inutile que ridicule, a été inventée pour rehausser, auprès des esprits simples, l’importance des Pûraṇas. Nous pouvons, sans craindre de nous tromper, la regarder comme une trace des prétentions des sectes qui ne négligent rien pour faire prédominer l’idole de leur culte sur les objets qui jouissent le plus universellement de la vénération des Hindous ; car à qui faire croire, même dans l’Inde, que les Pûraṇas aient précédé les Vêdas ? On peut supposer que cette invention du Mâtsya Pûraṇa est imitée d’un passage analogue du Mahâbhârata, ou qu’elle a été introduite vers le même temps dans ces deux recueils. Mais le passage du Mahâbhârata auquel je fais allusion ne se trouve que dans l’introduction de ce livre ; et la confusion des notions qu’on remarque dans cette introduction permet de croire qu’elle n’est pas de la même main, encore moins du même âge que le corps du poème, où l’on rencontre d’ailleurs des morceaux très-différents les uns des autres, pour le fond comme pour la forme, et qui ne peuvent certainement pas appartenir à la même époque. (Voy. Mahâbhârata, t. I, p. 4, st. 104 sqq., et les légendes qui ouvrent l’Âdiparvan.)