Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/506

Cette page a été validée par deux contributeurs.

17. Cette âme qui est tombée dans l’intérieur d’un corps étranger, au fond d’un abîme de sang, d’excréments et d’urine, et qui y voit son corps cruellement consumé par le feu de la matrice ; cette âme misérable qui, dans le désir de sortir de ce lieu, compte ses mois, quand donc, ô Bhagavat, sera-t-elle délivrée ?

18. Que le protecteur des malheureux, qu’un Être grand comme tu l’es, ô Seigneur, et dont l’immense pitié a donné cette science à une créature de dix mois, soit satisfait de son œuvre. Qui pourrait, si ce n’est en lui rendant un culte, reconnaître ses bienfaits ?

19. Sans doute une créature d’un ordre inférieur, enchaînée par le lien des sept substances corporelles, ne voit dans son corps que ce que son corps éprouve ; mais moi qui ai été créé capable de dompter mon corps, grâce à l’intelligence que Purucha m’a donnée, je vois au dedans de mon cœur et en dehors, cet Être antique que je reconnais en quelque sorte comme mon propre esprit.

20. Pour moi, Seigneur, quoique j’habite ici au milieu de beaucoup de souffrances, je ne désire pas sortir du sein de ma mère pour aller dans ce monde plein d’abîmes ténébreux, où l’homme n’entre pas plutôt que ta divine Mâyâ l’enveloppe, amenant après elle et les fausses opinions, et la roue de l’existence.

21. Aussi, chassant mon trouble, je me relèverai bien vite moi-même de ces ténèbres, avec le secours de mon esprit, pour que la triste nécessité de parcourir plusieurs matrices ne se renouvelle plus pour moi, pour moi qui ai reçu dans mon cœur les pieds de Vichṇu.

22. Bhagavat dit : C’est dans de telles pensées que chante au sein de la matrice l’Esprit parvenu à dix mois ; aussitôt le souffle qui sert à l’accouchement, le lance. la tête en bas, pour le chasser dehors.

25. Ainsi poussé rapidement, la tête en bas, souffrant, il sort avec peine, privé de consolation et dépouillé de sa mémoire.

24. Tombant à terre au milieu du sang, il s’agite comme un ver ; il pleure, au moment où n’ayant plus la science, il entre dans la voie opposée [de l’ignorance].

25. Nourri par une créature qui ne connaît pas ce que désire un