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8. Grâce à ta faveur, j’ai en ce jour, au terme de mes existences, obtenu, dans ta personne, une vue parfaite et capable de franchir ces ténèbres épaisses si difficiles à traverser.

9. Ô toi qui es Bhagavat, le premier des Esprits et le souverain Seigneur, toi l’œil du monde, tu es pour l’univers plongé dans les ténèbres comme le soleil qui vient de se lever.

10. Daigne donc, Être divin, dissiper mon ignorance, qui n’est que cette illusion qui nous fait dire à tort : « Moi et le mien, » illusion que tu as embrassée toi-même au sein de ce corps.

11. Aussi cherchant un asile auprès de toi qui es secourable, de toi qui abats, pour le bien de tes serviteurs, l’arbre du monde, j’adore, dans le désir de distinguer la Nature de l’Esprit, le plus parfait de ceux qui connaissent la loi des hommes vertueux.

12. Mâitrêya dit : Ayant appris par ces paroles le souhait irréprochable de sa mère, ce souhait qui augmente chez les hommes le désir de la délivrance, le Dieu qui est la voie des hommes vertueux et maîtres d’eux-mêmes, lui répondit, le cœur plein de satisfaction, et le visage embelli par un léger sourire.

13. Bhagavat dit : Le Yoga qui a pour objet l’Esprit suprême, est établi par moi comme le moyen qu’ont les hommes d’obtenir la béatitude absolue ; c’est là que se trouve le terme définitif du bonheur et du malheur.

14. Voilà la doctrine que je vais t’exposer ; c’est cette doctrine que je communiquai jadis, femme vertueuse, aux Rǐchis désireux de connaître le Yoga dans la perfection de toutes ses parties.

15. Le cœur est reconnu comme aussi propre à enchaîner l’âme individuelle qu’à la délivrer : attaché aux qualités, c’est un lien ; dévoué à Purucha, c’est un moyen de délivrance.

16. Lorsque délivré des souillures du désir, de la cupidité et des autres passions qui naissent du sentiment du moi et du mien, le cœur est pur, insensible à la peine comme au plaisir, égal pour tous,

17. Alors l’homme voit l’Esprit, absolu, supérieur à la Nature, uniforme, lumineux par lui-même, subtil, continu ;

18. Il le voit, dis-je, avec un cœur dévoué et détaché de toutes