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je dévoue par la bouche du feu l’offrande de celui qui célèbre le sacrifice, couverte du beurre clarifié qui en découle, que quand, par la bouche d’un Brahmane satisfait d’avoir déposé en moi le fruit de ses œuvres, je mange une seule, bouchée de sa portion.

9. Qui donc n’endurerait pas les Brâhmanes, quand je porte sur mes aigrettes la poussière pure de leurs pieds, moi qui dispose, pour me produire, de la mystérieuse Mâyâ, cette force qui agit incessamment sans se reposer jamais, moi qui, avec l’eau qui m’a été offerte, purifie les mondes et le Dieu qui se pare de la lune ?

10. Les hommes qui voient quelque différence entre les Brâhmanes au sein desquels j’habite, les vaches que j’aime et les créatures privées de protection, ces hommes à qui le péché a fait perdre la vue, seront déchirés par les vautours cruels et irrités comme des serpents, qu’envoie le Dieu qui punit par mon ordre.

11. Ceux qui, avec un cœur satisfait et un visage semblable à un lotus aspergé de l’ambroisie du sourire, supportent, en songeant à moi, les injures des Brahmanes, et qui, d’une voix adoucie par l’affection, leur parlent comme à leurs enfants, ainsi que [je vous parle] moi-même, ceux-là sont sûrs de me posséder.

12. Que ces deux serviteurs qui, pour n’avoir pas deviné la pensée de leur maître, n’ont pas hésité à tenir une conduite qui vous a blessés, paraissent donc en ma présence ; la faveur que je vous demande, c’est qu’ils soient promptement envoyés en exil.

13. Brahmâ dit : Cette voix ravissante, divine, semblable à un fleuve de Mantras et dont les solitaires sentaient la douceur, ne satisfit pas cependant le cœur des sages que la colère avait touché.

14. Entendant ce langage excellent et précis, mais que sa gravité rendait obscur, les sages ne purent, quoiqu’ils en méditassent le sens impénétrable et profond, connaître l’intention du Dieu.

15. Ces Brâhmanes sentant sur tout leur corps le frissonnement du plaisir, s’adressèrent, les mains jointes, à celui qui avait revêtu la majesté de la grandeur suprême à l’aide de sa mystérieuse Mâyâ.

16. Les Rĭchis dirent : Ô divin Bhagavat, nous ne connaissons pas