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arc, trouble une malheureuse de désirs dont tu es l’objet, comme l’éléphant qui, pour montrer sa vigueur, secoue sa bannière.

10. Daigne, et puisse le bonheur être avec toi, daigne m’accorder ta bienveillance, à moi qui me sens consumer à la vue de la félicité de tes autres femmes qui ont des enfants !

11. Elle remplit les mondes, la renommée des femmes comblées des égards de leurs époux, des femmes en qui un mari semblable à toi renaît de nouveau par leurs enfants.

12. Jadis le bienheureux Dakcha, notre père, qui a tant d’affection pour ses filles, nous interrogea chacune à part, en disant : Mes enfants, quels maris choisissez-vous ?

13. Notre père qui voulait avoir de la postérité, ayant reconnu les sentiments de ses filles, t’en donna pour femmes treize qui avaient de l’affection pour toi.

14. Accorde-moi donc ce que je désire, heureux sage aux yeux de lotus ! Ceux qui implorent un être aussi magnanime et aussi puissant que toi, ne s’en approchent pas en vain.

15. Après avoir entendu les nombreuses plaintes de cette femme malheureuse et troublée par la passion qui ne faisait que s’accroître en elle, le fils de Marîtchi lui parla ainsi d’une voix bienveillante :

16. Je t’accorderai, chère amie, le bonheur que tu demandes : qui ne chercherait à satisfaire les désirs de celle qui nous assure l’acquisition des trois objets de l’activité humaine ?

17. L’homme marié, soutenant par son état [de maître de maison] tous les autres ordres, traverse l’océan de l’infortune, comme on traverse la mer sur des vaisseaux.

18. Celle que l’on nomme la moitié de l’homme même, de l’homme qui est si avide de bonheur ; celle qu’après avoir déposé son fardeau, l’homme recherche, libre d’inquiétude ;

19. Celle qui, par ses caresses, nous donne les moyens de vaincre nos sens, ces ennemis redoutables que les autres ordres ont tant de peine à dompter, parce qu’elle nous prête un appui semblable à celui du chef d’une citadelle qui repousse les brigands ;

20. Une femme enfin, une femme comme toi, ô maîtresse de