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eu un fils nommé Ugraçravas et surnommé Râumaharchaṇi et Sâuti, c’est-à-dire fils de Rômaharchaṇa et fils de Sûta, auquel le Mahabhârata et quelques Purâṇas sont attribués, je ne dis pas comme à l’auteur qui les a composés, mais comme au narrateur qui les a racontés pour les avoir entendus dans l’assemblée des sages ; 3o que cet Ugraçravas est nommé Sûta comme son père ; 4o que ce nom de Sûta est aussi donné, du moins dans un texte, à Rômaharchaṇa ; d’où résulte la généalogie suivante : 1o Sûta ; 2o Rômaharchaṇa, dit Sûta ; 3o Ugraçravas, fils de Rômaharchaṇa, et nommé tantôt fils de Sûta, tantôt même Sûta.

Il est évident que s’il fallait admettre que le mot de Sûta est un nom propre, on pourrait croire qu’il ne règne pas entre tous les textes précités un parfait accord en ce qui touche aux rapports de parenté des deux sages Rômaharchaṇa et Sûta. Mais tout devient clair quand on se rappelle que ce mot, au lieu d’être un nom propre, est une dénomination générique, celle de la caste des écuyers et des Bardes, ou des chantres qui récitaient l’histoire des Dieux et des héros ; caste qui figure avec ces fonctions dans le Râmâyaṇa et dans le Mahâbhârata, et qui, suivant le Pâdma Purâṇa, les exerce par droit de naissance[1]. Quand donc les textes nous représentent Rômaharchaṇa et Sûta comme un seul et même personnage, cela ne veut dire autre chose sinon que Rômaharchaṇa était un Sûta, c’est-à-dire un Barde. Si même Rômaharchaṇa est appelé fils de Sûta, c’est qu’en effet la qualité de Barde, en vertu du principe de l’hérédité des castes, appartenait à son père. Si maintenant Ugraçravas, le fils de Rômaharchaṇa est appelé lui-même Sûta, c’est que comme son père il était Barde ; ce nom de Sûta n’est pour lui, comme pour Rômahar-

  1. Wilson, Essays on the Purâṇ, dans Journ. of the Roy. Asiat. Soc. of Great Britain, t. V, p. 281.