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l’apparence d’un sanglier, armé de défenses terribles, suivant avec l’odorat la trace de la terre, et reportant des yeux amis sur les Brâhmanes qui chantaient, plongea au fond des eaux.

29. Les flancs déchirés par l’impétuosité de la chute de ce corps semblable à une montagne de diamant, l’Océan, étendant les longs bras de ses vagues, gémit, semblable à un malade, et s’écria : Ô Seigneur du sacrifice, aie pitié de moi !

30. Celui dont la forme est le sacrifice qui se célèbre aux trois moments consacrés, séparant les ondes avec ses sabots, semblables à des flèches au large fer, pour atteindre les limites de l’océan sans rivages, vit au fond de l’Abîme la terre que jadis, au moment où il allait s’endormir sur les eaux, il avait lui-même renfermée dans son sein avec les vies qu’elle contenait ; ayant relevé la terre en la fixant [sur une de ses défenses], il remonta tout brillant de l’Abîme.

31. Là, au moment où le premier des Dâityas s’avançait contre lui, la massue levée, pour s’opposer à sa marche, le Dieu, dont la violente colère ressemblait au Tchakra enflammé, tua, en se jouant au ; sein des eaux, le géant à la vigueur indomptable, comme le Roi des animaux tue un éléphant ; ses joues et son boutoir étaient souillés du sang du Dâitya, de même que le Roi des éléphants qui déchire la terre est souillé d’un limon [rougeâtre].

32. Ayant reconnu cet Être, bleu comme le Tamâla, qui se jouant comme fait un éléphant, soulevait la terre sur l’extrémité de ses dents blanches, les sages ayant Viriñtchi à leur tête célébrèrent, les mains jointes, le souverain Seigneur dans des hymnes sacrés.

33. Les Rǐchis dirent : Victoire ! Victoire à toi, ô Être invincible, à toi, l’auteur des sacrifices ! Adoration à toi qui secoues ton corps qui est le triple Vêda ! Adoration à toi qui, pour accomplir ton œuvre, as pris ce corps de sanglier dans les poils duquel les eaux ont été absorbées comme dans des cavernes !

34. Sans doute elle est difficile à voir pour les méchants ta forme, ô Être divin qui es le sacrifice même ; dans ta peau sont les hymnes du Vêda, l’herbe sainte est dans tes poils, le beurre clarifié dans