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suta, qui, dans les Vêdas, sert d’épithète à l’offrande du suc que l’on vient d’extraire de la plante Sôma[1]

Enfin le nom de Sûta est le seul qui paraisse dans le Mâtsya[2], dans le Çâiva[3], dans le Lâig̃ga[4] et dans le Pâdma[5]. Il en est de même dans le Brahmavâivarta[6] et le Harivam̃ça[7], avec cette différence toutefois, qu’au lieu de Sûta, c’est Sâuti, c’est-à-dire le fils de Sûta, comme dans le Mahâbhârata, qui en est le narrateur. Quant aux autres Purâṇas que nous possédons en tout ou en partie à la Bibliothèque du Roi, tels que le Kâlikâ, le Mârkaṇḍêya et l’Utkala, qui n’est, à ce qu’il paraît, qu’une collection de légendes sur Djagannâtha, comme ils sont racontés par d’autres interlocuteurs que Sûta et les solitaires de Nâimicha, ils restent naturellement en dehors de notre discussion.

Des différents passages que je viens d’énumérer résultent les quatre points suivants : 1o que Rômaharchaṇa ou Lômaharchaṇa, disciple de Vyâsa, et nommé aussi Sûta, passe pour avoir reçu de son maître la connaissance des Purâṇas, et que c’est par lui que quelques-uns de ces ouvrages sont racontés ; 2o que ce sage a

  1. Rǐgvâda Sam̃hitâ, l. I, p. 2, st. 2 ; p. 3, st. 1, 2 et pass. ed. Rosen. Il est vrai que le suta des Vêdas s’écrit avec une brève, tandis que la voyelle est longue dans le nom de Sûta. Mais les auteurs de légendes ne s’arrêtent pas à de si minutieuses remarques ; et d’ailleurs suta (exprimé} et Sûta (engendré) viennent également de la même racine que Sôma, l’asclépiade acide, qui est l’occasion et le nœud de la légende.
  2. Mâtsya Purâṇa, ms. beng. n°xviii, f. 1.
  3. Çâiva Purâṇa, ms. beng. n°xiv, fol. 1.
  4. Lâigga Purâṇa, ms. beng. n°i, fol. 1 .
  5. Pâdma Purâṇa, ms. beng. n°xvi, f. 1.
  6. Brahmavâivarta Purâṇa, man. bengâli n°viii, fol. 2 r. l. 1 ; fol. 2 v. l. 2 ; fol. 4 v. l. 4 et 5, etc. Wilson, Analys. of the Purâṇ. dans Journal of the Asiat, Soc. of Bengal, t. I, p.217.
  7. Langlois, Harivam̃ça, t. I, p. 3, etc. et surtout t. II, p. 272, note 11. Quoique le Harivam̃ça ne parle que du fils de Sûta, ou, suivant le texte, de Sâuti, il serait possible que le nom de fils de Lômaharchaṇa se trouvât dans ce vers : जनमेजयस्य के पुत्त्रांः प्रोच्यन्ते लोमहर्षणे « Quels sont, ô fils de Lômaharchaṇa, ceux que l’on dit fils de Djanamêdjaya ? » (Harivam̃ça, fol. 451 v. de mon ms.) Mais il faudrait lire लौमहर्षणे, suivant l’observation que j’ai faite ci-dessus, p.xxvii, note 2. M. Langlois conjecture que लोमहर्षणे peut désigner le Mahâbhârata.