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de l’inaction ; et ce dernier le communiqua, sur sa demande, à Sâm̃khyâyana qui accomplissait fidèlement ses vœux.

8. Sâm̃khyâyana, éminent par l’habitude qu’il avait de la contemplation, désirant exposer les manifestations distinctes de Bhagavat, raconta ce livre à Parâçara mon précepteur, qui était son disciple, ainsi qu’à Vrĭhaspati.

9. Ce solitaire, plein de compassion, m’exposa ce premier des Purâṇas, d’après le droit que Pulastya lui en avait donné ; et moi, à mon tour, je vais te le raconter, parce que tu as la foi et un dévouement inaltérable.

10. Au temps où l’univers tout entier était submergé par les eaux, celui dont les yeux ne se ferment jamais s’abandonna au sommeil, couché sur un lit formé par le Roi des serpents, solitaire, inactif, et trouvant sa joie dans sa propre béatitude.

11. Cet Être dans le corps duquel étaient rassemblées les molécules subtiles des éléments, produisant son énergie sous la forme du Temps, séjourna au milieu des eaux sur son siège, semblable au feu dont l’activité est enfermée au centre du bois,

12. Dormant pendant mille Tchaturyugas sur les eaux avec sa propre énergie qu’il avait [antérieurement] produite sous le nom de Temps, après avoir réuni en lui la série des œuvres, il vit les mondes absorbés dans son propre corps.

13. L’essence subtile, renfermée au sein de celui dont le regard pénètre les molécules élémentaires des choses, agitée par la qualité de la Passion qui s’était développée sous l’influence du temps, sortit, pour créer, de la région de son nombril.

14. Elle s’éleva rapidement sous la forme d’une tige de lotus, par l’action du temps qui réveille les œuvres ; ce lotus dont l’Esprit [suprême] est la matrice, éclairait, comme le soleil, de sa splendeur la vaste étendue des eaux.

15. Vichṇu pénétra lui-même ce lotus des mondes qui déploie toutes les qualités ; et au sein de ce lotus, parut le créateur Brahmâ dont le Véda même est l’essence, et que l’on nomme Svayam̃bhû.

16. Assis au centre de cette plante, d’où il ne voyait pas de monde,