Page:Burnouf - Le Bhâgavata Purâna, tome 1.djvu/361

Cette page a été validée par deux contributeurs.

présence, désigné [pour t’instruire] par Bhagavat lui-même, au moment où ce Dieu allait abandonner le monde des hommes.

27. Çuka dit : C’est ainsi qu’Âupagavi (Uddhava) noyant son profond chagrin dans le nectar de l’histoire du Dieu dont l’univers est la forme, avait vu s’écouler aussi vite qu’un instant la nuit qu’il avait passée avec Vidura sur les bords de la Yamunâ. Le sage, [après cet entretien,] quitta cet endroit.

28. Le roi dit : Une fois les Vrĭchṇis et les Bhôdjas détruits, comment se fait-il qu’Uddhava, le premier parmi les chefs de ceux qui savent conduire un char, leur ait survécu, puisque Hari lui-même, le Maître des trois qualités, avait abandonné sa forme mortelle ?

29. Çuka dit : Lorsque celui dont la volonté est infaillible eut détruit sa nombreuse race en la livrant à Kâla, déguisé sous l’apparence de la malédiction d’un Brâhmane, au moment d’abandonner son corps mortel, il se livra à ces réflexions :

30. Lorsque j’aurai quitté ce monde, Uddhava, qui est maintenant le premier des sages maîtres d’eux-mêmes, est sans contredit le plus digne de conserver la science dont je suis l’objet.

31. Uddhava ne m’est certainement inférieur en rien ; car ce guerrier n’est pas agité par les qualités : qu’il reste donc ici-bas pour enseigner au monde la science dont je suis le sanctuaire.

32. Ayant ainsi reçu les ordres du précepteur des trois mondes, source de la parole sacrée, Uddhava, parvenu à l’ermitage de Vadarî, s’y livra au culte de Hari avec une profonde méditation ;

33. Et Vidura ayant appris de la bouche d’Uddhava les actions si dignes de louanges de Krĭchṇa, l’Esprit suprême, qui avait revêtu un corps en se jouant,

34. Et le sacrifice même de ce corps, sacrifice si propre à augmenter la constance des sages qui possèdent déjà cette vertu, en même temps qu’il est un sujet de trouble pour les hommes agités par la crainte comme de vils animaux,

35. Vidura, [dis-je, ] réfléchissant, ô le meilleur des Kurus, que Krĭchṇa avait songé à lui dans son âme, ému par l’affection, se mit à pleurer quand le serviteur de Bhagavat fut parti.