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9. Cependant le grand serviteur de Bhagavat, celui qui est le parant et l’ami de Dyâǐpâyana, le bienheureux Mâitrêya, parcourant le monde dans sa course indépendante, arriva en cet endroit.

10. Pendant que ce solitaire dévoué à Bhagavat écoutait, la tête inclinée par le plaisir et par l’attachement, Mukunda, dissipant sa lassitude par un regard où brillait le sourire de l’amitié, me parla en ces termes :

11. Je connais ce que tu désires dans ton cœur, puisque j’y réside ; aussi je t’accorde ce que d’autres ont tant de peine à atteindre, ce que jadis, lorsque tu étais Vasu, tu désiras, avide de m’obtenir, pendant le sacrifice des Vasus et des Créateurs de l’univers.

12. Oui, sage vertueux, cette vie est pour toi la dernière de tes existences, puisque tu y as obtenu ma faveur, et que tu as été assez heureux pour me voir en secret avec une dévotion pure, au moment où je vais abandonner le monde des hommes.

13. Jadis, au commencement de la création, je révélai au Dieu Adja, qui était assis sur le lotus né de mon nombril, cette science suprême où se manifeste ma grandeur, cette science que les sages appellent la science du Bhâgavata.

14. Ainsi honoré par ces paroles, moi qui avais été trouvé digne de la faveur et du regard compatissant du suprême Purucha, je lui répondis, les mains jointes en signe de respect, versant des larmes, sentant mon corps frissonner de plaisir, et la voix tremblante :

15. Ô mon maître, lequel des quatre objets [recherchés par l’homme] pourrait être d’une acquisition difficile, même en ce monde, pour ceux qui adorent le lotus de tes pieds ? Ce n’est cependant rien de cela que je désire, ô Dieu multiple, avide que je suis d’adresser mon hommage à tes pieds semblables au lotus.

16. Les actions et la naissance d’un être inactif et incréé comme toi, ta retraite dans une forteresse, et ta fuite devant l’ennemi que tu redoutais, toi qui es Kala lui-même, cette demeure remplie de milliers de femmes pour toi qui trouves ton plaisir en toi-même, voilà ce qui tourmente l’esprit des sages.

17. Que toi. Seigneur, toi dont l’intelligence essentiellement par-