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CHAPITRE II.

DIALOGUE ENTRE VIDURA ET UDDHAVA.


1. Çuka dit : Ainsi interrogé par le guerrier qui lui demandait l’histoire de celui qu’il chérissait tant, le serviteur de Bhagavat, préoccupé du souvenir de son maître, ne put, dans l’excès de ses regrets, faire aucune réponse.

2. Celui qui, à cinq ans, lorsque sa mère l’appelait au repas du soir, ne songeait pas à prendre de la nourriture, parce qu’il ne pensait qu’à ses jeux dont Krǐchṇa était l’objet,

3. Comment, parvenu à la vieillesse en le servant, eût-il pu, lorsqu’on lui demandait l’histoire de son maître, faire une réponse, préoccupé comme il l’était du souvenir de ses pieds ?

4. Complètement affranchi par l’ambroisie des pas de Krǐchṇa, dans laquelle il s’était plongé avec le sentiment d’une dévotion profonde, le sage garda quelques instants le silence.

5. Laissant échapper des larmes de ses yeux à demi fermés, sentant ses poils se hérisser de plaisir sur tout son corps, noyé dans l’étang de l’affection, et manifestant la satisfaction que lui causait la demande de Vidura,

6. Redescendant peu à peu du monde de Bhagavat dans celui des hommes, Uddhava, après avoir essuyé ses yeux, répondit au guerrier avec étonnement.

7. Uddhava dit : Au moment où Krǐchṇa, semblable au joyau du jour à son déclin, vient de disparaître, et lorsque nos familles, privées de leur fortune, ont été dévorées comme par un serpent, comment pourrais-je encore parler de bonheur pour nous ?

8. Ah ! l’univers est à jamais malheureux, et à plus forte raison