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nité ; et outre ces deux attributs distincts l’un de l’autre qu’il réunit en lui-même, il possède encore la matérialité.

9. Comme nous ne concevons pas un de ces attributs sans admettre en même temps l’un des deux autres, celui qui les voit tous trois réunis [dans son sein], c’est l’Esprit [suprême], qui est la demeure dernière, et qui n’a d’autre asile que sa propre essence.

10. Purucha ayant divisé en deux parties l’œuf [de Brahmâ], lorsqu’il en sortit au commencement, réfléchit à se faire un lieu où il pût se mouvoir ; et pur, il créa les eaux pures.

11. Il habita sur ces eaux créées par lui, pendant mille années ; de là vient qu’il reçoit le nom de Nârâyaṇa, parce que les eaux qui sont nées de Purucha [sont appelées Nârâ].

12. Cet Être par la faveur duquel existent la matière, l’action, le temps, la disposition naturelle et l’âme individuelle, tandis que rien de tout cela n’existe plus quand il s’en retire,

13. Ce Dieu unique, songeant à devenir multiple, après s’être levé du lit de la méditation, produisit, à l’aide de Mâyâ, un germe de couleur d’or divisé en trois portions.

14. La divinité, la spiritualité, la matérialité, ces trois attributs sont l’Être suprême ; c’est ainsi que le germe unique de Purucha fut divisé en trois portions : voilà ce que tu dois apprendre.

15. De l’éther contenu dans le corps de Purucha qui se livrait à des mouvements variés, naquirent la vigueur [des sens], l’énergie [du cœur], la force [du corps], et ensuite le souffle de vie, le premier de tous les souffles.

16. Quand se meut le souffle de vie qui anime toutes les créatures, les sens se meuvent avec lui ; quand il cesse de se mouvoir, les sens cessent également, soumis à son empire comme des esclaves aux ordres d’un roi.

17. Du souffle de vie mis en mouvement, naquit au sein de l’Être suprême la faim et la soif ; et aussitôt qu’il eut éprouvé la soif et la faim, la bouche fut le premier organe qui s’ouvrit.

18. De la bouche se sépara le palais ; le goût y prit naissance ; du goût naquirent les saveurs diverses qui sont perçues par la langue.