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CHAPITRE XIX.

ARRIVÉE DE ÇUKA.


SÛTA dit :

1. Mais le roi de la terre avait depuis réfléchi sur l’action blâmable qu’il avait commise ; plein de tristesse à ce souvenir, il se disait : Ah ! quel indigne outrage j’ai fait à ce Brahmane innocent, dont l’éclat était caché !

2. Certainement la faute que j’ai commise contre l’Être suprême attirera bientôt sur moi quelque catastrophe inévitable. Ah ! je me soumets volontiers, en expiation de mon crime, à n’en plus jamais commettre de pareil.

3. Que la famille irritée du Brâhmane, semblable au feu, consume aujourd’hui même mon trône, mon armée, mes biens, mon trésor ! Puissé-je, malheureux que je suis, ne plus concevoir jamais une pensée de haine contre les Brâhmanes, les Dêvas et les vaches !

4. Pendant qu’il se livrait à ces réflexions, il apprit que l’imprécation prononcée par le fils du solitaire le condamnait à mourir de la morsure d’un serpent, et il pensa aussitôt que c’était un bien, puisque le serpent allait dans peu rompre la chaîne qui ne l’attachait que trop aux choses extérieures.

5. Se détachant alors complètement des deux mondes auxquels il avait déjà précédemment reconnu qu’il fallait renoncer, estimant par-dessus tout le culte des pieds de Krĭchṇa, il entreprit son dernier jeûne sur la rive du fleuve des Immortels.

6. Quel est celui qui, au moment de mourir, n’adorerait pas ce fleuve, qui, emportant l’eau sanctifiée par la poussière des pieds de